CELEBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DES PASSION DU SEIGNEUR
HOMELIE DU PAPE FRANÇOIS
Sur le Calvaire, deux mentalités s'affrontent. Dans l'Évangile, en effet, les paroles de Jésus crucifié s’opposent à celles de ceux qui le crucifient. Ceux-ci répètent le même refrain : "Sauve-toi toi-même". Les chefs le disent : « Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » (Lc 23, 35). Les soldats le répètent : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » (v. 37). Et finalement, l'un des malfaiteurs, qui a écouté, répète l'idée : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même ! » (v. 39). Se sauver soi-même, s’occuper de soi, penser à soi ; pas aux autres, mais seulement à sa santé, à son succès, à ses intérêts ; à l'avoir, au pouvoir, au paraître. Sauve-toi toi-même : c'est le refrain de l'humanité qui a crucifié le Seigneur. Réfléchissons-y.
Mais à la mentalité du moi s'oppose la mentalité de Dieu ; le sauve-toi toi-même se heurte au Sauveur qui s'offre lui-même. Dans l'Évangile de ce jour sur le Calvaire, Jésus prend également la parole à trois reprises, comme ses adversaires (cf. vv. 34.43.46). Mais en aucun cas il ne revendique quoi que ce soit pour lui-même ; il ne se défend même pas et ne se justifie pas. Il prie le Père et fait miséricorde au bon larron. Une de ses expressions, en particulier, marque la différence avec le sauve-toi toi-même : « Père, pardonne-leur » (v. 34).
Attardons-nous sur ces mots. Quand le Seigneur les dit-il ? À un moment bien précis : lors de la crucifixion, lorsqu'il sent les clous lui percer les poignets et les pieds. Essayons d'imaginer la douleur atroce que cela a provoqué. Là, dans la douleur physique la plus aiguë de la passion, le Christ demande pardon pour ceux qui le transpercent. À cet instant, on n’aurait pour seule envie que de crier toute sa colère et sa souffrance ; au lieu de cela, Jésus dit : Père, pardonne-leur. Contrairement aux autres martyrs dont parle la Bible (cf. 2 M 7, 18-19), il ne fait pas de reproches aux bourreaux ni ne menace de punition au nom de Dieu, mais il prie pour les méchants. Fixé à la potence de l'humiliation, il augmente l'intensité du don, qui devient par-don.
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