Editorial - P. Benoît Grière - Supérieur Général des Augustins de l’Assomption
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Voilà déjà un an que le monde est mobilisé dans la lutte contre le coronavirus. La Covid-19 a étendu son emprise dans tous les pays. Les Etats-Unis, le Brésil, l’Europe ont été fortement touchés, mais d’autres pays sont aussi cruellement atteints. Notre inquiétude, face à la prolongation de la pandémie, doit être mise en perspective avec la réalité globale de notre monde. Le pape François a rappelé fort opportunément que la Syrie était en guerre depuis dix ans. Des centaines de milliers de victimes, des millions de déportés et des enfants abandonnés constituent le triste palmarès de l’horreur. Nous n’oublions pas le Nord-Kivu, livré aux factions guerrières et à la soldatesque depuis plus de 25 ans. La région de Butembo connaît une accélération de violence et d’instabilité. En plus des rebelles et des bandits, il y a le retour du virus Ebola. Un an, dix ans, vingt-cinq ans, tout cela nous ramène à la dure réalité et nous pose une seule question : avons-nous la capacité de retrouver la vie, la paix, la joie ? Nous n’avons pas à retrouver le « monde d’avant » la crise sanitaire. Deux possibilités s’offrent à nous : devenir meilleurs ou devenir pires. Evidemment, tout doit être fait pour que nous devenions meilleurs. Mais comment cela peut-il se faire ? Notre foi en Dieu est notre secours. Sans Lui nous ne pouvons rien faire de bon et de durable. La situation actuelle nous pousse à un renouveau salutaire. Il nous faut donc changer. Nous avons appris que les ressources de notre terre sont épuisables ; nous avons compris que la pollution obérait notre avenir ; nous savons que l’injustice et la violence ne construisent pas la paix. Alors, que faire pour contribuer à l’émergence d’un monde meilleur ? Nous autres religieux, devons retrouver avec plus d’émerveillement la beauté de notre consécration. Être religieux est une grâce, car nous avons répondu à un appel du Seigneur. Dans la liberté, nous avons accepté de devenir disciples de Jésus. Nous avons décidé de le suivre et de donner notre vie en témoignage du Royaume. Il est bon de susciter toujours plus de fraternité : elle est un signe concret du Royaume qui vient. Avons-nous le désir de la fraternité ? Sommes-nous prêts au pardon et à la réconciliation dans nos communautés, nos paroisses, nos œuvres ? Il est important que nous-mêmes devenions meilleurs. Sinon, nous serons pires ! Il est urgent d’approfondir le sens des vœux. La chasteté, l’obéissance et la pauvreté ne constituent pas un slogan publicitaire, ils sont un programme de vie, une ambition et une volonté de laisser apercevoir les réalités éternelles à travers notre pauvre humanité qui cherche et qui espère. Car c’est l’espérance qu’il nous faut annoncer. Comme l’écrivait Frédéric Boyer dans la Croix, « l’espérance est notre pédagogue quand nous ne savons plus rien, quand nous n’avons plus d’appui où nous reposer, où reprendre souffle et raison. L’espérance nous apprend patiemment à penser possible ce qui nous paraît dans la situation présente impossible ou hors de portée. Elle nous apprend que notre vie excède ce que nous avons sous les yeux ». Pâques est pour nous le rappel du salut définitivement donné. Le monde est sauvé s’il croit en la vie donnée par Dieu en son Fils et dans l’Esprit. La vie religieuse peut ouvrir la route en s’engageant concrètement pour plus de vie, plus de justice, plus de paix. En marchant sur cette voie, elle indique à notre monde que l’espérance est là et que l’avenir est possible. Un monde où la richesse n’est pas le critère pour juger les personnes ; un monde où le pouvoir n’est pas l’imposition de la force ou de la violence ; un monde où chacun est aimé pour ce qu’il est : un fils ou une fille de Dieu. Au matin de Pâques le tombeau était ouvert. La vie se répandait dans le monde entier. Puissions-nous être tous ensemble témoins de cette espérance du renouveau.