Prières d‘enfants:
"Mon Dieu, je veux te demander que maman n’attrape pas le Covid-19"
(Eve, dont la mère est médecin)
«S’il te plait, aide tous ceux qui sont touchés par la pandémie. Protège ma famille »(Amélie)
"S'il te plaît, aide les gens à vaincre le virus" (Thomas)
LEÇONS DE LA QUARANTAINE :
Comment nous sommes devenus des professionnels de l'informatique en deux semaines
Avec le début de l'enseignement à distance, il est devenu clair que nos élèves n'étaient pas aussi «intelligents» que nous le pensions. Equiper les enfants en technologies informatiques ne suffit pas. Savoir télécharger un jeu ou installer une application mobile à partir de Google Play Store n'est pas encore une connaissance informatique. Il en va de même pour les enseignants qui font couramment leurs courses en ligne tombent soudain en panne lorsqu'il s'agit d'installer une application d'enseignement à distance. Cette expérience est une leçon de la quarantaine pour nous: le cours de technologie de l'information ne doit pas être donné à partir de la cinquième année, mais à partir de la première année, ou peut-être déjà à la maternelle. Le problème n'est pas que l'école n'enseigne pas ce qu’il faut aux enfants, mais que le programme d'enseignement général lui-même ne répond pas aux défis de l'époque.
Si, pendant une pandémie, plus d'une personne, utilisant la technologie informatique, a soutenu sa thèse de doctorat et est entrée dans un niveau d'études supérieur, alors que signifie l'apprentissage à distance pour les élèves de cinquième année? Comme nous sommes devenus des professionnels de l'informatique en une semaine, nous devons continuer à développer nos compétences et faire croître nos élèves au même rythme, car le monde numérique est notre monde.
J’espère que, lorsque nous retournerons à l'école, nous ne mettrons pas de tablettes au tiroir, ne déconnecterons pas les plates-formes que nous avons créées, et n’oublierons pas les connexions pour les exercices en ligne.
En quinze jours l’école est entrée dans le XXIème siècle. Si nous passons trop vite elle reviendra au XXème.
Les programmes, les leçons de la vie et un mot d’éloge sur le farniente.
Pensons-nous aux leçons de vie que les enseignants et les élèves apprennent pendant une pandémie? Les compétences et aptitudes acquises ici ne sont décrites dans aucun programme. En s’accrochant aux programmes, en envoyant des quantités d’exercices aux élèves, en ne prenant pas le temps en vidéoconférence pour relire leur expérience et réfléchir sur la situation avec eux, nous les empêchons d’acquérir une sagesse de vie.
Il y a eu une diminution des activités, des événements de masse, des réunions «indispensables». Il est dommage que nous pensions qu'il est important d'être toujours occupé. C'est ainsi que nous apprenons aux enfants à être des «gens occupés» dès le plus jeune âge, car pour avoir de l’importance et de la valeur, il faut ne pas avoir un instant à soi, ne pas rêver et apprendre sans arrêt. Nous avons simplement oublié qu'il est très important pour un enfant (et aussi pour un adulte) d'avoir le temps de ne rien faire. Il faut du temps pour réfléchir, regarder par la fenêtre, s'asseoir sur le canapé et réfléchir calmement pour savoir si je veux lire un livre ou faire un puzzle géant. La quarantaine a sauvé les élèves de la surévaluation de l’apprentissage : quelqu’un de prometteur doit faire de la danse le lundi après l'école, le mardi dessiner, le mercredi aller à la piscine, le jeudi chez le répétiteur, etc. Tout à coup, il s’est trouvé du temps pour lire un livre, faire du vélo, promener le chien, bricoler ou tout simplement ne rien faire.
Une pandémie permet de voir à quel point la science peut être incompétente face à un virus invisible. Nous étions trop convaincus des superpuissances humaines et nous avons oublié que la sagesse n'est pas égale à la connaissance académique. Cela nous aidera à comprendre à l'école que la spéculation académique seule ne donne pas maturité et sagesse. La sagesse ne dépend pas seulement du programme ni du nombre d’exercices effectuées.
Qu'est-ce qui est "normal"?
Au cours de la première semaine d'apprentissage à distance, l'administration de l’école où je travaille a reçu de nombreuses lettres d'encouragement et de gratitude de la part des parents des élèves. Les écoles ont également reçu des lettres de parents indignés leur demandant de gérer ici et maintenant la quantité de travail exigée, de forcer les professeurs à donner des leçons vidéo et à enseigner chaque enfant individuellement en temps réel. Une question rhétorique demeure : est-ce que pour tous les gens (pas seulement les éducateurs) qui sont passés de leur lieu habituel de travail à leur salon, leur cuisine ou leur chambre ça s’est fait tout seul? Probablement pas. C’est pareil pour les enseignants. Et c'est normal. Après tout, en plus des compétences informatiques, de la vie de famille et du multitâche des enseignants entre la classe et leurs propres enfants, il y a aussi des émotions personnelles, de l'anxiété, de la responsabilité, comme tout le monde.
A peine passés à l'enseignement à distance, nous-mêmes les enseignants, comme les parents et la société, voulons un travail parfait, ignorant que ne pas savoir est non seulement normal, mais parfois sain. Cela détrône les enseignants-qui-savent-tout et c’est une expérience beaucoup plus saine pour le développement de la personnalité que les séminaires de qualification. Il y a des enseignants qui aiment et apprécient cette façon de travailler, comme il y a des enfants dont les résultats ont monté pendant le mois d'enseignement à distance. Plus d’un professeur a été surpris de voir à quel point des élèves qui ne font pas preuve de zèle ni de concentration en classe se sont montrés capables de travailler de manière systématique et cohérente et ont fait des progrès.
L'enseignement à distance a révélé une autre capacité (ou incapacité) de nos élèves : celle du travail indépendant, de l’autodiscipline et de la planification des activités.
Alors pourquoi ignorer cela, en obligeant tout le monde à travailler en groupe? Je pense que nous nous faisons des illusions en nous reposant sur l’unique panacée de l'apprentissage actif, de la stimulation constante, du travail en groupes. Apprendre, cela veut dire parfois s'asseoir (éventuellement s'allonger) pendant une heure pour lire un texte, apprendre des mots d’une langue étrangère, etc. Parfois je suis contente de ne plus être à l'école et que personne n'essaye de m'activer six fois par jour (il y a en moyenne autant de cours pour les lycéens). J'espère qu'au lendemain de la pandémie, la leçon moderne sera une leçon dans laquelle l'éducation sera encore plus personnalisée et où il y aura plus de temps pour un travail individuel d’approfondissement non en largeur mais en profondeur.
Soeur Kotrina-Danguole
Lituanie