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L’intériorité: comment éduquer les étudiants à l’intériorité

L eventjeudi 25 avril 2024

Comment comprendre le silence à l’école ? Savons-nous comment apporter du calme à nos étudiants ? Est-ce que je lui transmets la paix ? Y-a-t-il un rituel d’intériorité dans ma classe ?  Éduquons-nous à l’intériorité ?

La religion a utilisé le mot intériorité comme synonyme de la vie spirituelle et de la prière, alors que dans la proposition de croissance personnelle – qui oscille entre le psychologique, le sapientiel et le religieux – l’intériorité est associée à la conscience de soi. On se réfère aussi à ce lieu où demeurent cachées et imprévisibles les possibilités de chacun.  L’intériorité est notre espace intime, à ne pas confondre avec le privé ou le secret.

L’intime est ce qui est intérieur, ce qui se reconnaît en soi, ce qui appartient au vrai moi, au plus profond de moi-même. Le privé, quant à lui, désigne ce que je ne partage tout simplement pas ou ce que personne d’autre que moi ne voit. Il est intéressant de faire percevoir cette nuance aux étudiants dès leur jeune âge, car le privé mène à l’égoïsme et l’intimité à l’amitié.

Seul le silence nous conduit à notre intimité, à notre moi le plus profond, c’est-à-dire à notre moi intérieur, nous ouvrant à l’expérience de ce que nous sommes. Le silence élargit notre conscience, car il nous fait entrer en elle et reconnaître ce qui se passe en nous. Il nous fait prendre conscience de nos idées fausses et de nos convictions, en nous aidant à canaliser nos énergies pour nous libérer du moi extérieur auquel nous nous identifions. Ce n’est que par le silence que nous pouvons réaliser avec lucidité ce qui se passe en nous.

Le silence est ce lieu qui nous permet de connaître nos motivations, croyances, valeurs et utopies ; c’est le chemin de vérité qui nous conduit à la liberté. Avez-vous déjà expérimenté que lorsque nous nous calmons, tout devient serein ?

Le silence calme, apaise, pacifie, unifie ; notre agitation physique, mentale et psychologique s’apaise et nous ouvre à l’expérience de nous regarder et de nous laisser regarder par Dieu, sachant que nous sommes sous le regard amoureux de ce Dieu qui ne détourne jamais le regard, parce qu’il fait partie de notre être, il est au plus profond de notre être. 

En plus de vivre le silence individuellement, nous sommes appelés à le vivre en groupe, et de cette manière il devient une source profonde de liens interpersonnels et de connaissance. Il est donc nécessaire, dans notre vie quotidienne et avec nos étudiants, de rechercher des temps de silence et, si possible, des espaces où les étudiants peuvent partager avec d’autres des temps de prière en silence. Dans ce sens, Sainte Marie ou Marie Eugénie ? fait l’éloge du silence...

Considérant que le grand défi de sa vie - et donc de ses choix de chaque instant - était de travailler à ressembler au Christ, elle se compare à un peintre qui doit observer attentivement son modèle de façon à le reproduire. Elle nous invite à la sérénité, à l’éloignement, à la simplification, au calme, au silence pour que Dieu vienne nous donner seulement ce qui est désirable, seulement ce qui est durable...

Y-a-t-il du silence dans nos classes ? Le silence est le grand absent de la pédagogie, non considéré comme un instrument de communication, ni comme une expérience fondamentale de l’être humain. L’école n’enseigne pas la richesse inhérente du silence, elle concentre son attention sur la parole et son articulation orale et écrite, mais omet la valeur communicative et expressive du silence.

Ni l’enfant ni le jeune ne sont préparés au silence ; pour eux, c’est quelque chose de nouveau, d’étrange et de problématique qu’il faut dissimuler immédiatement. Ils ne sont pas préparés à vivre ensemble en silence, ni à découvrir l’enseignement que le silence porte en soi, je ne parle pas du silence extérieur et imposé qui donne le pouvoir à l’éducateur de faire taire les étudiants, comme le font encore certains enseignants lorsqu’ils chantent cette comptine avec les étudiants : « Le hibou. Le hibou fait shh... fait shh. Tous silencieux comme le hibou qui fait shh ». Je parle du silence qui est absolument indispensable pour contempler le monde et l’intérioriser, non l’imposer.

Le silence et la contemplation vont intimement ensemble. Sans silence intérieur, il n’est pas possible de contempler la réalité. La contemplation suppose une attitude de calme et de réceptivité, elle nous apprend à voir le monde et toute la réalité à travers les yeux et le cœur de Dieu, nous conduisant à la transformation de nos cadres de référence, de nos points de vue, de nos habitudes de pensée et de notre vision métaphysique du monde comme l’exprime l’Éducation Transformatrice de l’Assomption.

Seul le silence, nous permet une contemplation lucide et transparente de l’autre. L’autre se manifeste fondamentalement à travers un visage, des yeux et une expression faciale. Avons-nous remarqué que dans nos classes, les étudiants et nous, en tant qu’éducateurs, parlons et parlons, exprimant rarement nos peurs, nos angoisses, nos illusions... ?

Si nous voulons comprendre et communiquer avec nos étudiants, alors nous éducateurs, nous devons apprendre à les écouter, à entendre leurs silences, les douleurs de leur âme, les cris de leurs insécurités et de leurs peurs. La voix du silence devient pédagogiquement nécessaire dans un monde si plein de bruit, afin d’arriver à un dialogue de plus en plus humanisant.         

Que pouvons-nous faire pour travailler l’intériorité avec nos étudiants?

  • Pratiquer la pédagogie du silence et de l’intériorité à travers les prières quotidiennes que nous faisons dans les classes, les rencontres de catéchèse, l’éducation à la foi, les eucharisties, les prises de contacts, les heures guidées, etc.
  • Devenir des éducateurs qui créent un climat propice à l’intériorisation de l’apprentissage.
  • Relier l’apprentissage à l’expérience personnelle des étudiants dans les différentes disciplines.
  • Veiller à ce que dans les stratégies d’apprentissage utilisées, l’étudiant soit toujours au centre, le cours ne se répète jamais, le temps doit être vécu et donner la pertinence à l’expérience.
  • Nous pouvons tenir compte du lieu, de la disposition des tables, de la nature, de la musique.
  • Favoriser des environnements où les étudiants cherchent le calme, accomplir un rituel au début et à la fin des cours.
  • Prendre conscience de la propre posture et de celle des étudiants et l’ajuster. L’autorité s’exerce à partir de la posture.
  • Etre conscients de ses propres gestes et mouvements et capter l’attention de l’élève.
  • Faire des pauses, contrôler le ton de la voix et exercer l’auto-observation.

Enfin, le silence qu’on demande aux étudiants doit venir de l’enseignant lui-même ; il est donc important qu’en entrant dans la classe ou en commençant le cours, l’enseignant accueille avec un sourire, avec sécurité et beaucoup de calme intérieur, de prendre le pouls (état) du groupe-classe prédisposition, son degré de motivation. Impossible d’éduquer ni de maîtriser sans une relation étroite avec chaque étudiant.

 

Mario Mendez

Reference person Province 

Central America and Cuba