Bonjour, je m’appelle Samantha Andrade, j’ai 19 ans et je viens de l’Équateur. Il y a quelques semaines, je suis rentrée d’une période de volontariat AMA au Guatemala.
Qui, en son bon sens, décide de quitter son pays juste après le lycée pour aller à la rencontre de l’autre ? Il faut sans doute être un peu folle et courageuse pour suivre son cœur et aller à contre-courant du monde. Voici mon histoire.
Je me souviens de moi, à sept ans, pleurant et demandant à Dieu de retirer la souffrance du monde, en promettant que j’aiderais. Qui aurait cru que la réponse me parviendrait à travers une annonce sur le tableau de l’école, quelques mois avant l’obtention de mon diplôme ? Devenir AMA n’avait même pas traversé mon esprit lors de ma dernière année ; mes seules préoccupations étaient le choix d’une carrière et de l’université. Pourtant, ce désir d’aider grandissant en moi s’est manifesté lors de ma préparation.
J’avais peur, personne ne nous apprend à rester ferme lorsque l’on entend constamment « c’est une perte de temps » ou « tu ne peux rien apporter si tu n’as pas encore de diplôme ». À ce moment-là, j’ai compris que pour servir Dieu, les dons sont déjà en nous, il suffit de courage pour les montrer. Ainsi, contre toute attente et après quelques larmes, je suis arrivée au Guatemala, que je considère désormais comme ma seconde maison.
Avez-vous déjà ressenti la sensation de pleurer de bonheur ? Moi oui. À l’internat, j’aidais une fille de douze ans dont la langue maternelle n’était pas l’espagnol. Au début, communiquer avec elle était difficile. Imaginez-moi, bavarde invétérée, face à une fille qui ne faisait que hocher la tête. Avec le temps, nous avons trouvé notre rythme et elle a perdu sa gêne de se tromper avec moi. Je me souviens de la voir penchée sur son cahier, corrigeant ses erreurs sans que je le lui dise. Les larmes ont coulé sans que je m’en rende compte, j’étais tellement heureuse, le cœur battant à toute vitesse. Voir que mon aide portait ses fruits a rempli mon âme. Parfois, seule la présence suffit à faire la différence dans la vie de quelqu’un. Elle l’a fait pour moi.
J’ai été professeur d’éducation physique pour les élèves de huitième, ce fut un vrai défi. Me tenir devant vingt-cinq enfants, les maintenir calmes et les rendre motivés par le cours. Je ne vous mentirai pas, il y a eu des moments où je voulais m’enfuir. Mais il y a aussi eu des instants qui m’ont fait rire spontanément. Voilà la magie du travail avec les jeunes.
Cette expérience m’a appris que la relation avec Dieu est une décision que l’on prend chaque jour. Éloignée de l’école ou de toute personne m’incitant à me rapprocher de lui, j’ai dû prendre en main cette connexion. Les relations se construisent, et la mienne avec Dieu s’est consolidée au cours de ces cinq mois. Il est devenu quelqu’un de proche car lorsque les émotions m’envahissaient, je m’asseyais devant le Très-Haut et retrouvais mon souffle. J’ai appris à apprécier ces moments de silence où sa compagnie était un câlin.
Avec le temps, j’ai réalisé combien j’étais chanceuse. Dans les communautés visitées avec les sœurs, il y avait beaucoup de besoins, un manque de ressources de base, l’absence d’enseignants réguliers, des routes en très mauvais état, et l’importante migration vers les États-Unis pour un meilleur avenir. Je me suis demandé : qu’est-ce qui me distingue de ces enfants ? Pourquoi avais-je des privilèges alors qu’eux n’en avaient pas ? J’ai compris que nous vivons dans un monde marqué par la inégalité et le manque d’empathie. Avant cette expérience, je vivais centrée sur moi et mon entourage ; désormais, je ne peux ignorer la souffrance d’autrui. Mon objectif est de ne pas oublier, de garder en mémoire les expériences vécues afin de chercher chaque jour à aider. Il me reste à découvrir mon pays, à m’immerger dans mon village et sa douleur, à continuer de grandir, accompagnée des visages qui m’inspirent à approfondir ce que je peux apporter au royaume.