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Meditation sur l’evangile selon saint luc 24, 13-35

M eventmercredi 3 juillet 2024

Meditation sur l’evangile selon saint luc 24, 13-35

Dans le contexte de la pandemie de covid-19

La situation accablante de la pandémie de Covid-19 semble sonner le glas de notre ère actuelle, vu qu’elle affecte globalement notre monde socioéconomique, politique, culturel, voire religieux. Mais, malgré les désespoirs et tristesses qui en découlent, nous sommes toujours appelés à continuer ensemble notre exode. À cet égard, l’épisode des disciples sur la route d’Emmaüs, dans l’Evangile selon saint Luc 24, 13-35, m’a particulièrement éclairée et je voudrais le partager ici avec vous. Pour ce faire, nous allons d’abord procéder à une lecture des signes des temps pour reconnaître la Présence et la Volonté de Dieu. Ensuite, nous irons à la rencontre de cet Inconnu qui n’est autre que Jésus Lui-même. Par ailleurs, nous allons voir comment s’opère la Révélation mystérieuse du Christ Ressuscité. Et, dans la conclusion, nous allons rendre témoignage de l’espérance et de la joie de la Résurrection devant cette situation épouvantable de la pandémie de Covid-19.

Lecture des signes des temps pour reconnaître la Présence et la Volonté de Dieu

Tout d’abord, cet épisode des disciples sur la route d’Emmaüs, qui a eu lieu le jour même de la Résurrection, reflète notre situation actuelle. Saint Luc nous y relate que « Ce même jour [de la Résurrection], deux d’entre eux se rendaient à un village du nom d’Emmaüs… et ils parlaient entre eux de tous ces événements » (Lc 24, 13-14). D’une part, selon ma lecture personnelle, ce « village du nom d’Emmaüs » dont parle Luc est, dans notre contexte actuel, celui où nous vivons. D’autre part, « ces événements » renvoient aux bouleversements poignants de la pandémie de Covid-19 que les médias diffusent quotidiennement. Et, quand Luc précise que les disciples sur la route d’Emmaüs étaient deux (Lc 24, 13), et que « l’un d’eux nommé Cléopas » (Lc 24, 18) alors que l’autre reste anonyme, il nous invite à valoriser ici la dimension communautaire de notre existence, plus que notre identité et valeur individuelle. Dans notre contexte actuel de la pandémie de Covid-19, l’urgence sanitaire et le cri des peuples vulnérables et très affectés nous interpellent à valoriser la vie et à poser un nouveau regard aussi bien sur autrui que sur les problèmes que nous rencontrons dans notre vie. Cette situation lance, entre autres, un appel à la solidarité et à la communion fraternelle même si le confinement nous oblige à nous replier sur nous-mêmes. Force nous est de partager sincèrement ce qui nous habite et de nous libérer par la suite de toutes nos angoisses et désolations. Le partage nous permet de nous réconforter, ainsi que de raviver notre espérance. A ce sujet, la technologie moderne nous facilite la communication, les échanges, la communion, le soutien mutuel, l’ouverture à autrui. Elle nous aide également à traverser ce temps difficile, à aimer notre temps comme le dit Mère Marie Eugénie. Aussi sommes-nous appelés à porter un regard chrétien sur notre vie et notre époque en interprétant les signes des temps notamment à la lumière de l’Evangile selon saint Luc 24, 13-35 que je vous propose ici pour reconnaître la Présence et la Volonté de Dieu dans l’aujourd’hui.

Rencontre confiante avec cet Inconnu qui n’est autre que Jésus Lui-même

Pendant la rencontre avec cet Inconnu qui s’approche et qui fait route avec eux, les deux disciples s’arrêtent et partagent avec Lui ce qui se passait aussi bien dans la ville que dans leur cœur (cf. Lc 24, 17-24). Dans la situation actuelle de la pandémie de Covid-19, l’attitude de ces disciples sur la route d’Emmaüs nous apprend à prendre le risque de nous ouvrir à autrui, même si ce dernier nous est inconnu, et surtout à partager sa souffrance, son découragement, sa vie. En d’autres termes, nous sommes appelés à sortir de nous-mêmes, c’est-à-dire accueillir cet Autrui qui nous est Inconnu, avoir confiance en Lui et cheminer ensemble avec Lui. Les deux disciples ont effectivement cheminé avec cet Inconnu en toute confiance. Ils firent d’ailleurs pression sur Lui pour qu’Il reste avec eux. Et voilà, après avoir non seulement partagé avec Lui ce qui se passait dans la ville de Jérusalem et dans leur cœur, mais surtout communié avec Lui, leurs yeux s’ouvrirent et ils Le reconnurent. Combien ils bondissaient effectivement de joie : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous quand Il nous parlait sur le chemin et nous expliquait les Ecritures ? » (Lc 24, 32). C’est en recourant aux Ecritures et à Jésus-Christ, ce Verbe qui s’est fait Chair, que nous recevons la force invincible pour affronter cette épreuve de la pandémie de Covid-19. Nous sommes appelés à avoir confiance en Jésus-Christ, et en ses Paroles, et à compter les uns sur les autres. Un dicton malgache appuie cette idée : « Mpirahalahy mianala ka izy tokiko, izaho tokiny ». Ce qui peut se traduire littéralement : « Tant que deux frères vont dans la forêt, je compte sur lui et il me fait confiance ». C’est dire que le soutien fraternel et la solidarité dont nous témoignons en présence du Christ nous aident à faire face à ce Covid-19 qui assombrit notre vie présente.

Révélation mystérieuse du Christ Ressuscité

Tandis que les disciples sur la route d’Emmaüs discutaient de ces événements qui ont bouleversé leur cœur, leur foi et leur vie entière, « … voici que Jésus Lui-même s’approcha et fit route avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de Le reconnaître. » (Lc 24, 15-16). Ils étaient encore enfermés dans leur passé, discutant de mort et d’impasse. Et voilà que, même si la Vie leur apparaît, ils ne l’ont pas reconnue. Au moment de notre détresse, rappelons-nous que le Christ Ressuscité, le Maître de la vie ne nous abandonne pas et qu’Il se fait proche de nous. Homme-Dieu, Emmanuel, Dieu-avec-nous, Il est Celui en qui nous pouvons mettre notre confiance et notre espérance.

En outre, « Quand ils furent près du village, Il fit semblant d’aller plus loin mais ils le pressèrent en disant : reste avec nous car le soir tombe et le jour touche à son terme. Il entra donc pour rester avec eux » (Lc 24, 28-29). Jésus, le Pèlerin infatigable invite ses disciples à avancer plus loin comme Il nous invite aussi aujourd’hui devant l’obscurité de notre vie. A l’invitation de ces disciples, Jésus fait sa demeure parmi eux et se fait reconnaître au moment de la fraction du pain. L’ouverture à l’Inconnu, la confiance mutuelle et l’accueil fraternel révèlent la présence mystérieuse du Christ Ressuscité et dissipent toute sorte de désolation et tristesse. La joie de la rencontre avec le Seigneur envoie ces disciples à être ses témoins parmi leurs compagnons.

Témoignage de l’espérance et de la joie de la Résurrection

Pour conclure, certes, la pandémie de Covid-19 affecte globalement notre monde socioéconomique, politique, culturel, voire religieux. Mais, c’est bien devant une telle situation que nous sommes appelés à prendre le risque d’ouvrir nos cœurs et nos yeux pour voir autour de nous ceux qui sont dans les besoins, à oser aller à la périphérie pour être au service de la vie. Dans le sillage de ces disciples sur la route d’Emmaüs, dans l’Evangile selon saint Lc 24, 13-35, nous sommes appelés à remettre entre les mains du Seigneur le peu que nous avons et partager avec autrui non seulement notre détresse, mais surtout notre espérance et notre joie, notre vie. A ce sujet, un dicton malgache nous interpelle : « Valala iray ifanapahana ». Ce qui signifie : « Partageons les uns aux autres même une sauterelle ». Devant cette situation épouvantable de la pandémie de Covid-19, le Seigneur nous appelle à puiser dans son Amour Créateur, à bâtir un monde plus fraternel, à nous entraider, à témoigner de l’espérance et de la joie de la Résurrection auprès de ceux qui sont vulnérables, abandonnés et désespérés, pour que la lumière brille dans l’obscurité, que la vie triomphe sur la mort et que le bien domine sur le mal. Ne seraient-ce pas là des signes du Royaume céleste sur la terre ?

Sr HARINILALA Patricia Norberthine

Maitresse des Novices, Province de Madagascar