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Province d'Europe: Comment vis-tu le dégagement joyeux dans cette nouvelle normalité?

P eventmercredi 3 juillet 2024

Rima, Modératrice de la Communauté Samaritaine

 

 

Dans la communauté samaritaine de Vilnius, nous en sommes déjà à notre 3e saison avec des limitations et des changements. Et le plus intéressant, c'est que dans chacune d'elle, malgré toutes les limitations, il y a toujours eu de la place pour la communion.

Première saison. Dès que la quarantaine a commencé au printemps 2020, la vie communautaire est passée à Zoom. Cela semblait vraiment impossible jusqu'à ce que cela arrive. Nous nous sommes rencontrées par Zoom, peu importe où nous nous trouvions - à la campagne, dans la nature, chez nos parents, au couvent - et nous avons appris à nous écouter les unes les autres, à être présentes dans l'ici et maintenant (même si nous étions tentées de faire plusieurs choses en même temps en étant assise devant l'ordinateur), à prendre soin les unes des autres et à soutenir celles qui avaient peur ou qui étaient inquiètes, par exemple pour leurs parents qui ont un risque quotidien accru de tomber malade parce qu'ils sont médecins. Et lorsque nous nous rencontrions en direct, nous pouvions apprécier chaque contact ou conversation, profiter de l'air frais dans le jardin ou dîner ensemble. Nous avons appris à chérir et à être reconnaissantes pour ces rencontres, car nous avions l'habitude de considérer cette interaction en direct comme allant de soi dans notre vie quotidienne. Et nous nous sommes réjouies de la décision prise par 5 filles qui terminaient leur temps à la communauté Samaritaine de déménager pour vivre ensemble, poursuivant ainsi la communion qu'elles ont découverte, construite et approfondie.

Deuxième saison. L’année 2020-2021 a montré à quel point chaque personne est précieuse. Surtout quand on ne peut même plus rendre visite à ses parents, à sa famille et à ses amis pour Noël, quand on ne peut plus quitter la ville à cause des restrictions imposées. Assises à la table, nous nous sommes dit : "Nous nous souviendrons de ce Noël pendant longtemps dans nos vies". Habituellement, la période qui précède Noël est pleine de stress et de contraintes inutiles. S'asseoir à une table de fête, avec des filles que tu connais depuis seulement quatre mois, aurait pu être une autre cause de stress. Et nous étions là, toutes si différentes, surprises de nous sentir en paix parce que les personnes qui nous entouraient étaient devenues une famille. Assises autour de la table du réveillon, nous avons partagé nos traditions familiales et mangé ensemble les plats que chacune avait préparés. Sans tension, sans précipitation, sans fatigue, nous étions ici et maintenant. Nous avons pu être nous-mêmes et découvrir les traditions que nous chérissons dans nos familles, ce que nous pouvons apprendre les unes des autres, ce qui peut nous rendre heureuses. Et lorsque les filles qui nous entourent deviennent ainsi proches et très chères, le cœur à notre insu, s’ouvre avec sa fragilité que l'on peut partager sans crainte. Ainsi, même les nuits de la période des fêtes semblaient trop courtes pour chercher ensemble des réponses aux questions qui nous préoccupent : la famille, la foi, les blessures et leur guérison, la féminité, etc. Toute cette expérience nous a appris à ralentir et à chérir ce que nous avons autour de nous.

Et plus encore ! En restant là où on est on peut découvrir des dons. Notre retraite de mi-année a été un vrai cadeau. Nous n’avons pas pu partir comme d’habitude pour changer de décor, pour nous rafraîchir. Mais notre maison elle-même - le couvent - est devenue un espace parfait pour cela. Il semblait, surtout pour celles qui travaillaient et étudiaient à la maison, que ce serait un défi de plus, mais c'est devenu une grâce de Dieu. Des choses simples comme ne pas avoir à se déplacer et pouvoir commencer une matinée de retraite dans le confort de son propre lit ; quand tu oublies quelque chose, il te suffit de courir dans ta chambre pour la chercher ; tu sais où se trouve la chapelle et tu peux y prier au chaud et en paix… cela te fait comprendre que cette maison est un cadeau. Et Jésus en est le centre. 

Troisième saison. L'arrivée de l'automne 2021 ne promettait pas une vie paisible, bien que la vaccination ait progressé. Mais voir les filles grandir - trouver un emploi, étudier et travailler en même temps, trouver ce qui est digne de leur attention et où elles sont elles-mêmes - est un cadeau pour chacune d'entre nous. Comme jamais auparavant, même lors des premiers mois dans la communauté, nous avons appris à apprécier la relation qui se construit avec les filles, si authentique, si vivante, si fraternelle. Une relation si familiale, vécue non seulement lors des réunions communautaires, mais aussi quand on va ensemble au magasin du coin pour faire les courses et qu’on fait ensuite la cuisine. Apprendre de l’expérience partagée par l’autre Samaritaine. Une rencontre de cultures et d'expériences, comme la rencontre de la Samaritaine et du Juif dans l'Évangile de Jean. Et surtout, une relation et la joie d'apprécier ce que tu as - une soirée spontanée de chansons dans la cuisine, une conversation cœur à coeur, un dessin ensemble, ou une soirée jeux après avoir réussi un examen.

Toutes ces expériences renforcent et rafraîchissent mon espoir que, quoi qu'il arrive, je ne serai pas seule, car je choisis de remarquer ce qui est proche, de chérir chaque personne qui m'est proche et de me réjouir de chacun des cadeaux de Dieu, même les plus petits.