À l’occasion de la Journée mondiale de prière pour les vocations, nous partageons le témoignage de foi, d’espérance et d’engagement de Patricia Erica R. Rodriguez, une jeune pré-novice des Philippines qui a commencé son cheminement dans la vie religieuse. Dans cet entretien, elle nous ouvre son cœur avec simplicité et courage, en partageant ce qui l’a poussée à dire « oui » à l’appel de Dieu et comment elle vit ce temps de recherche et de discernement. Son histoire nous invite à faire confiance, à écouter et à nous laisser surprendre par l’amour qui transforme.
En grandissant, je n’aurais jamais imaginé envisager un jour de devenir Religieuse de l’Assomption, même si j’ai été diplômée d’une école de l’Assomption. Je suis une ancienne élève (Old Girl) de l’Assumption Antipolo, promotion 2011.
Mon chemin de discernement a commencé en avril 2022, après une visite chez les sœurs de l’Assomption à Malibay, Pasay. Je voulais les remercier personnellement d’avoir organisé la retraite en ligne « Jesus Week » pendant la Semaine Sainte. J’y avais participé car je cherchais un espace de réflexion priante durant cette période, un lieu permettant aussi des échanges profonds avec d’autres retraitants.
Vers la fin de la retraite, Sœur Lourdes Roquiño m’a contactée via le chat privé de Zoom. Elle m’a demandé : « Pat, as-tu déjà envisagé de discerner un appel à la vie religieuse ? » Sa question m’a surprise. J’ai répondu : « Non, Sœur, mais je veux venir vous voir à Malibay pour vous remercier d’avoir organisé la retraite. »
Cette visite a eu lieu en juillet 2022. J’ai déjeuné avec les sœurs de Malibay et je leur ai demandé de me raconter leurs vocations. Ce qui m’a frappée, c’était la joie profonde et constante qu’elles exprimaient dans leur vie religieuse. Cela m’a touchée car j’avais moi-même vécu quelque chose de semblable. À ce moment-là, je m’apprêtais à entamer ma septième année d’enseignement à l’Assumption Antipolo. L’école venait de traverser deux années d’enseignement en ligne éprouvantes à cause de la pandémie de COVID-19, ce qui m’avait beaucoup sollicitée. Pourtant, malgré les difficultés, la joie que je ressentais en enseignant ne m’avait jamais quittée.
En septembre 2022, Sœur Joy de Vera m’a offert un exemplaire du livre Life on a Mission de Sœur Isabel Villacarlos. C’était un récit captivant de ses années de mission en Afrique. Ses histoires m’ont ouvert les yeux sur la vie pleine et vibrante d’une religieuse. Je me suis dit : « Finalement, la vie d’une sœur n’est pas si ennuyeuse que ça. »
Par la suite, Sœur Lourdes m’a invitée à visiter les sœurs une fois par mois. Lors de mes trois premières visites, je ne ressentais pas encore d’appel clair à la vie religieuse. J’appréciais simplement passer du temps avec elles et apprendre à les connaître.
Mais quelque chose a changé en janvier 2023. J’étais avec les sœurs à Assumption San Lorenzo pour la célébration du Têt (Nouvel An lunaire) quand Sœur Remedios Locsin, première directrice de l’Assumption Antipolo, est décédée. J’ai rejoint les sœurs rassemblées près de sa chambre, près de la chapelle de l’école. Elles chantaient Assumpta est Maria, un chant que j’avais toujours associé à des moments spéciaux comme la fête de l’Assomption, la fête de Sainte Marie-Eugénie ou les cérémonies de remise de diplômes. Mais ce jour-là, ce chant m’a touchée autrement.
Je me suis dit : « Pourquoi est-ce si beau ? »
Quand Sœur Lourdes a dit : « Elle a donné sa vie tout entière à Dieu », quelque chose s’est éclairé en moi. Ce moment m’a permis de comprendre ce qui bougeait dans mon cœur depuis un certain temps. J’ai appris ensuite que Assumpta est Maria était le chant préféré de Sœur Remedios — une affirmation joyeuse d’une vie pleinement offerte à Dieu.
Ma famille et mes amis m’ont toujours soutenue. Au début, ma mère a pleuré en apprenant que mon année d’aspirantat ne durerait qu’un an, ce qui signifiait qu’il me restait peu de temps à vivre avec eux. Mon père, quant à lui, n’a pleuré que lors de ma visite à la maison, après être entrée au postulat. Il m’a confié qu’il avait pleuré après que ma famille m’avait accompagnée à Malibay. Mes frères et notre employée de maison, Ate Novie, m’ont également soutenue, sachant que j’étais heureuse ici.
Mes amis et la communauté de l’Assumption Antipolo m’ont aussi beaucoup encouragée. Même au début de mon discernement, alors que seules quelques personnes étaient au courant, on me disait déjà : « Tu rayonnes ! » Cette manifestation extérieure de joie confirmait que j’étais sur la bonne voie.
Mes collègues à l’Assumption Antipolo m’ont profondément influencée. C’est à travers leur exemple que j’ai appris ce que signifie servir avec joie en enseignant et en accompagnant les élèves. Leur témoignage m’a fait aimer le charisme éducatif de l’Assomption.
Les Religieuses de l’Assomption m’ont aussi témoigné l’amour de Dieu à travers leur manière d’être. Chacune d’elles exprimait à sa façon une présence aimante et joyeuse. En les écoutant raconter leur vie avant l’entrée au couvent et leurs aventures dans la vie religieuse, j’ai commencé à désirer leur ressembler. Elles m’ont montré que la sainteté et la joie peuvent prendre des formes diverses, et leur manière de laisser Dieu se refléter à travers leur personnalité m’a inspirée à envisager la vie religieuse dans la famille de l’Assomption.
Être Religieuse de l’Assomption aujourd’hui signifie aimer notre époque et répondre aux défis actuels tout en restant enracinée dans notre relation avec Dieu. Nous vivons dans un monde marqué par de profondes blessures : crises climatiques, guerres, troubles politiques, inégalités croissantes, détresse psychologique… En servant avec amour et fidélité dans nos missions et en partageant notre charisme éducatif avec l’Église, nous contribuons à former d’autres personnes pour répondre à ces réalités. Pour le faire de manière authentique, nous devons nourrir intentionnellement notre vie de prière et notre relation avec Dieu. C’est Lui qui nous soutient et, par sa grâce, nous rend capables de servir.
D’abord, je voudrais lui dire que c’est tout à fait normal de se sentir anxieuse. Quitter ce qui est familier et confortable n’est jamais facile — mais c’est en sortant de notre zone de confort que nous grandissons.
Les sœurs m’ont assuré que je ne perdrais rien à discerner la vie religieuse, bien au contraire. Lorsque j’ai officiellement commencé mon discernement comme postulante, j’ai senti que Dieu m’appelait sur ce chemin. Cela fait maintenant dix mois que je suis entrée, et je peux dire que les bénédictions reçues dépassent largement ce que j’ai laissé derrière moi.
Je voudrais aussi partager deux citations figurant sur les badges que j’accrochais à mon sac à dos. La première dit : « Le changement fait peur, mais rester la même chose aussi. » J’ai compris que je devais faire un saut de foi pour grandir.
La deuxième est : « Aucune saison n’est jamais perdue. » Même si, en cours de route, je découvre que ce n’est pas ma voie, je ne regretterai pas cette expérience — car elle m’aura aidée à devenir une meilleure personne. Le regret de ne jamais avoir osé considérer la vie religieuse serait bien plus grand.