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175 ans de l'Assomption en Angleterre

1 eventvendredi 15 août 2025

Texte de la présentation

Merci de vous joindre à nous ce soir, alors que nous célébrons 175 ans de la présence des Religieuses de l'Assomption en Angleterre – c'est une grande joie d'avoir autant de nos amies avec nous ici, et nous savons que beaucoup d'autres partageront cette joie à travers la vidéo qui est filmée.

Nous commençons avec Sr. Francesca et les origines de l'Assomption – comme vous le voyez, elle porte un habit approprié pour l'occasion !

Origines et charisme

Notre fondatrice Sainte Marie-Eugénie est née en France en 1817 dans une famille fortunée mais sans religion ; elle n'a donc pas reçu une éducation ouvertement religieuse. À l'adolescence cependant, alors qu'elle tentait de déterminer comment vivre sa vie, elle vit une forte expérience de « conversion » pendant le carême en écoutant un sermon. Elle comprend alors qu'elle veut/ a besoin de donner sa vie à Dieu, mais sans savoir comment.

Un an plus tard, elle rencontre le Père Combalot, prêtre et prédicateur qui souhaite fonder une congrégation religieuse féminine dédiée à l'éducation des femmes.

Cette mission touche Marie-Eugénie – elle est consciente de la pauvreté de l'éducation des femmes dans sa société et est convaincue qu'une éducation éclairée par les valeurs de l'Évangile pourrait être le fondement d'une société plus juste et engendrer le Royaume de Dieu.

Marie-Eugénie accepte de faire partie du projet et forme la première communauté avec un petit groupe de jeunes femmes, devenant la fondatrice des Religieuses de l'Assomption. Elle est canonisée en 2007.

Quelques années plus tard, son ami le Père D'Alzon fonde une congrégation masculine dédiée à l'Assomption : les Augustins de l'Assomption, connus sous le nom d'Assomptionnistes. Les pères de cette congrégation fondent ensuite trois autres congrégations féminines : les Petites Sœurs de l'Assomption, les Oblates de l'Assomption et les Orantes de l'Assomption. Nous formons ensemble la famille de l'Assomption. 

Charisme et Spiritualité

Lors de la béatification de Sainte Marie-Eugénie, le Pape Paul VI met en évidence les deux caractéristiques essentielles du charisme des Religieuses de l'Assomption : l'éducation et l'adoration. Il cite Marie-Eugénie : « Les religieuses vouées par vocation à l'éducation ont plus que les autres besoins d'être émergées dans la prière ».

La spiritualité des Religieuses de l'Assomption est une spiritualité délibérément « riche de la spiritualité de l'Église », prenant le meilleur des différentes spiritualités et les faisant nôtres. Nous avons toujours essayé trouver l'équilibre entre être apostoliques et contemplatives.

Dès le début, Marie-Eugénie et les premières sœurs tiennent à prier l'ensemble de l'Office divin de l'Église, malgré l'opposition des autorités ecclésiastiques. Les sœurs se sont cependant accrochées à leur idéal, Marie-Eugénie déclarant qu'elle et les sœurs « préféraient aller au ciel plus tôt » que de renoncer à prier l'ensemble de l'Office divin.

À l'instar des membres de la famille de l'Assomption, la devise qui nous est très chère est « Que ton Règne vienne ». Notre but ultime est de faire avancer la venue du Royaume de Dieu en faisant connaître et aimer Jésus-Christ, et son Église, et en partageant les valeurs de l'Évangile afin que le Royaume de Dieu devienne plus visible sur terre. 

Richmond

Nous sommes en 1850, l'année de la restauration de la hiérarchie catholique anglaise, de la fondation du collège St. Mary’s et de l'arrivée des Religieuses de l'Assomption à Richmond – non pas au bord de la Tamise mais près de la rivière Swale, la porte d'entrée des vallées du North Yorkshire. Nous sommes à l'ère industrielle du milieu de l'époque victorienne, une période de progrès technique et social. Cent trente ans plus tard, une élève de l'école écrira : « Au début, nos curés étaient des jésuites.  Maintenant, ils sont catholiques romains ». À un certain moment, le moderniste George Tyrell était membre de cette communauté jésuite.

Sans relater les faits de notre arrivée à Richmond, il est opportun de mentionner un personnage coloré de notre histoire. Louisa Catherine, Duchesse de Leeds, était une héritière américaine qui sauva le duc de la faillite en l'épousant, comme dans Downton Abbey.  Suivant sa conversion au catholicisme, elle consacre son temps à de bonnes œuvres.  Son premier projet à Richmond est d'ouvrir un orphelinat qui, bien qu'ayant aidé les sœurs à s'établir localement, n'a pas été une réussite. La domination de la duchesse mène souvent à des conflits d'idées, comme lorsque les sœurs jugeaient inutile que les orphelins apprennent le français.  

La mission a plutôt pris son essor à la construction du pensionnat. L'objectif est d'y offrir un vaste programme d'études et de former des personnalités fortes qui contribueront à la société. « Guidez leur vol mais ne leur coupez pas les ailes » était le conseil. C'est devenu le modèle des écoles suivantes, à Kensington, Ramsgate, Sidmouth et Hengrave. Le pensionnat de Ramsgate est conçu par l'architecte anglais Augustus Pugin, qui dessina une passerelle spectaculaire mais oublia d'inclure un escalier principal !

L'école de Richmond prospère pendant de nombreuses décennies, jusqu'à sa fermeture en 1994.

Les sœurs sont également responsables de ce qu'on appelait « l'école élémentaire » pour les enfants du voisinage, jusqu'au moment où elles doivent remettre la direction à une équipe laïque dont la première tête dirigeante avait étudié au collège St Mary's de Strawberry Hill. L'école primaire catholique St Mary's continue de prospérer aujourd'hui.

Un autre héritage, moindre mais durable, est une confiserie appelée tarte de l'Assomption.  Elle remonte à l'arrivée des premières sœurs, dont les compétences culinaires étaient assez maigres.  Elles apaisaient leur faim avec des morceaux de pâte brisée garnis de confiture. Ça ressemble à ceci.

Kensington

Les Religieuses de l'Assomption arrivent dans le quartier Earl's Court de Londres en 1857, pour s'établir à Kensington Square en 1860. Le cardinal Wiseman avait longtemps insisté pour que les sœurs de l'Assomption viennent à Londres, mais sans jamais préciser ce qu'il voulait qu'elles y fassent. Marie-Eugénie finira par le persuader que leur attention portera sur l'Adoration, les retraites pour femmes et la préparation à la première communion des jeunes femmes converties.

En 1867, nous avons offert un toit à l'école paroissiale des pauvres puis ouvert un pensionnat. Cette diapositive montre un groupe d'élèves en 1875. À cette époque, il y a une basse-cour dans le vaste terrain et des sœurs s'occupent même de la fenaison !

Pendant la Première Guerre mondiale, bien que le couvent soit rempli de réfugiés et que les pelouses où jouent les enfants soient transformées en potagers, l'enseignement se poursuit. Une excellente école Montessori est créée après la guerre, où l'on forme aussi les enseignants à cette méthode. Les écoles sont restées à Kensington jusqu'aux évacuations de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les P.R.A. – Précautions contre les raids aériens – en font leur base.

La Seconde Guerre mondiale, avec la perte de tant de vie, est suivie d'une pénurie d'enseignants, en particulier d'enseignants catholiques. Le collège de formation des enseignants Maria Assumpta est ainsi né, et une grande résidence construite, en 1946. Les étudiantes sont venues danser ici à St Mary's, peut-être même dans cette salle...

Les sœurs s’impliquent également dans différentes formes de travail pastoral, comme le Centre pour réfugiés vietnamiens ouvert à Kensington en réponse aux besoins des milliers de « boat people » arrivés après l'effondrement du gouvernement sud-vietnamien en 1975. Heureusement Sr. Emmanuel est déjà à Londres et peut offrir accueil et soutien, indispensables à beaucoup.

En raison de nouvelles réglementations gouvernementales, le collège ferme en 1978 et le Centre éducatif pastoral Maria Assumpta ouvre ses portes. Diverses organisations y louent des locaux, notamment la Westminster Pastoral Foundation, Westminster Inter-Faith et la National Society for Religious Education. Une grande réussite est le travail de Sr. Mary John, une enseignante à la retraite qui, avec une passion et une énergie sans bornes, a fondé le centre pour la dyslexie. Elle est photographiée ici, lors d'une visite de la princesse Diana.

Le locataire le plus connu du Centre Maria Assumpta est probablement Heythrop College, le collège universitaire spécialisé en théologie et philosophie dirigé par les jésuites. Ils achètent la propriété en 2009, pour malheureusement fermer en 2018, après avoir annoncé en 2013 qu'ils cesseraient de recruter des étudiants de premier cycle. 

Les sœurs sont toujours à Kensington aujourd’hui, offrant l'office et l'adoration quotidiennement dans la belle chapelle Maria Assumpta et un ministère florissant pour les jeunes adultes, avec des retraites, des pèlerinages, des expériences sociales et culturelles. Il y a aussi le programme des bénévoles de l'Assomption, géré par deux de nos merveilleuses collègues laïques Anne Marie et Rebecca, dont vous pouvez visiter le stand aujourd'hui.

Afrique de l'Est

En 1957, un petit groupe de sœurs part en mission pour une nouvelle aventure – fonder les Religieuses de l'Assomption en Afrique de l'Est. Les sœurs arrivent à Mandaka, en Tanzanie, et ouvrent rapidement un collège et une école de formation des enseignants. (Sœur Kate a été étudiante aux deux écoles.) D'autres communautés et écoles sont ouvertes en Tanzanie ; notre première communauté s'installe au Kenya en 1971 et y ouvre une école secondaire. Voici une photo de nos sœurs dans la province d'Afrique de l’Est ; elles sont aujourd’hui 78 sœurs, 3 novices et 2 postulantes dans 14 communautés réparties sur cinq diocèses en Tanzanie et au Kenya. Nous sommes heureuses de soutenir nos sœurs en Angleterre en ce moment, en particulier avec la présence de Sr Kate et l'arrivée de deux jeunes sœurs qui rejoindront la communauté de Twickenham pour étudier à St Mary's à partir de septembre.

Hengrave

Le concile Vatican II conclut en 1965. Jusqu'en 1970, nous réexaminons notre mission à la lumière de nos ressources, des défis du concile Vatican II et de la société. 

Nous avons choisi de répondre au décret sur l'œcuménisme du concile, qui appelait les chrétiens à renouveler leur façon de vivre et de servir ainsi qu'à travailler « pour surmonter leurs différences afin d'être à nouveau « un », comme le Seigneur Jésus l'a demandé à son Père pour eux. » Sr. Elizabeth Dove est à la fois visionnaire et leader dans l'élaboration de notre réponse. Un Frère Franciscain de l'Expiation américain, Fr. Emmanuel Sullivant, lui dit que de travailler sérieusement pour l'œcuménisme c'était le vivre, faire ce que nous pouvions ensemble tout en restant fidèles à nos propres traditions et en respectant celles des autres.  

La fermeture d'un pensionnat libère une propriété d'une beauté exceptionnelle ; un manoir datant du 16e siècle avec une histoire de récusation catholique sur 46 acres de terrain et une église enregistrée dans le Doomsday Book de 1086.     

La première communauté comptait 24 membres, dont des enfants : catholiques romains, anglicans, méthodistes, luthériens et grecs orthodoxes.  Les résidentes varient en nombre mais continuent de représenter toutes les traditions.  La communauté a toujours bénéficié du soutien actif des diocèses locaux et des dirigeants de l'Église.  

Le livre Hengrave Remembered explique le processus de formation et de soutien d'une communauté qui gérait, en même temps, un centre de conférences.  Un membre quaker dit un jour : « C'est tellement fou que cela ne puisse être que l'œuvre du Saint-Esprit ! »

La prière biquotidienne était au cœur de la vie de la communauté.  Nous assistions à des eucharisties catholiques et anglicanes. Ne pas pouvoir pratiquer l'hospitalité eucharistique a causé de la souffrance et parfois des tensions, mais cela nous a fait prendre conscience que le la croix est le signe de la réconciliation et que nous étions des pionnières sur ce chemin.

Au cœur du travail se trouvait l'hospitalité qui témoignait de tous les aspects de la guérison et de la réconciliation pour nos invités, venus seuls, en groupe et de partout. La beauté du lieu a facilité de nombreuses expressions et programmes d'art, de musique, de poésie, de renouveau de la création, de désirs de paix. Les gens venaient pour récupérer et prier, pour discerner un chemin, pour écrire un livre, et revenaient très souvent. 

Quand, en 2005, Hengrave doit céder aux pressions qui l'ont forcé à fermer, le sentiment dominant est celui de la gratitude pour trente glorieuses années, alors que nous priions : « Seigneur Dieu, toi seul restes éternel, inchangeable mais toujours créatif. Nous louons tout ce qui a été ici à Hengrave, guidés par ta providence et à la douceur de ta miséricorde. »

Newcastle

À partir des années 1950, l'influence de la théologie de la libération venant d'Amérique latine, avec son refrain de « l'option préférentielle pour les pauvres », prend de l'ampleur.  En notre sein, une agitation grandissante depuis les années 1970 nous entraînent finalement à agir. Nous n'avions pas besoin d'aller en Amérique latine ; trois sœurs vont dans une des régions les plus défavorisées, à Newcastle, en 1993. Un seul point à l'ordre du jour : y aller... et voir pour la suite. 

Avant même que nous ayons eu le temps d’emménager, des enfants curieux viennent constamment frapper à notre porte demandant « je peux entrer ? ». Puis nous les voyons de notre fenêtre retourner à leur jeux destructeurs et destructifs.  Nous pensons alors que des activités créatives pourraient remplacer cette destructivité, surtout causée par l'ennui. Nous louons ainsi un espace commercial vide et, avec l'aide d'étudiants et de quelques ressources, offrons des activités créatives après l'école. Nous créons un slogan « Ne détruisons pas, fabriquons », auquel s'ajoute « Ne prenons pas, donnons ».  C'était gratifiant d'entendre un enfant dire « Moi, je ne volerais jamais les religieuses ».

Voilà, en bref, la genèse de Kids Kabin, un centre culturel pour les jeunes maintenant bien établi à Newcastle et à Middlesbrough.  Vous pouvez consulter le site internet et/ou lire son histoire dans le livre Ne détruisons pas, fabriquons : L'histoire de Kids Kabin.

Nos autres œuvres incluent un programme de soutien aux demandeurs d'asile, offrant des cours de langue, de l’accompagnement, de l'amitié et du soutien pratique ; de la pastoral scolaire ; et notre implication dans la vie paroissiale.

Nous avons surtout découvert que notre mission principale est auprès de nos voisins, dont les parents et les grands-parents ont exercé, et perdu, des métiers désuets – constructeurs de navires, mineurs, métallurgistes.  Nous avons vu de près les ravages causés par le chômage mais aussi admiré leur résilience. Nous leur sommes reconnaissantes de nous avoir permis d'être simplement « à leurs côtés » pour ainsi dire, d'avoir pu participer à leurs joies et à leurs chagrins –nombreux – et de recevoir autant que ce que nous pouvions donner. Malgré la tristesse de notre départ l'année dernière, nous sommes heureuses que nos bénévoles, formés et soutenus par Anne Marie et Rebecca, continuent d'apporter leur précieuse contribution à Kids Kabin.

On dit qu'en 1850 Marie Eugénie aurait préféré que nous allions à Newcastle plutôt qu'à Richmond.  Finalement, nous avons fait les deux.

Twickenham

La fermeture du collège Heythrop a été mentionnée. Une option était que Heythrop se fusionne avec ou s'intègre à l'université St Mary's. Les discussions à ce sujet ont avancé assez loin, suffisamment loin en fait, pour que le provincial des Jésuites suggère au vice-chancelier de l'époque, Francis Campbell, que les sœurs de l'Assomption soient aussi invitées à avoir une présence à St Mary. Les jésuites avaient apprécié notre présence et notre prière dans la chapelle de Kensington, et y voyaient un atout pour St Mary's.

Finalement, Heythrop et les jésuites ne sont jamais venus mais nous y sommes ! Comme plusieurs d'entre vous le savent, Francis Campbell était passionné par l'accroissement de la présence des catholiques dans la vie universitaire.

En juin 2016, quatre sœurs arrivent à St. Mary’s avec pour mission d'être une « présence priante » et de soutenir l'éthique catholique de l'université, en particulier le travail de l'aumônerie. Nous avons toujours été très chaleureusement accueillies et nous sommes impliquées de diverses façons ; nous avons vraiment l'impression d'être à la maison ici. Nous sommes particulièrement ravies que la date du 10 mars, la fête de Sainte Marie-Eugénie, a été ajoutée aux calendriers des célébrations universitaires.

Nous avons eu la chance de trouver une maison à vendre juste en face des portes blanches à l'entrée du campus, et encore plus chanceuses lorsque la maison voisine a été mise en vente, ce qui nous permet d'héberger plus de sœurs et d'accueillir des étudiantes.

Conclusion

Ainsi, 175 ans après l'arrivée des premières sœurs à Richmond dans le Yorkshire, nous sommes aujourd'hui 27 sœurs dans quatre communautés à Kensington, Notting Hill Gate, Wanstead et Twickenham.

En 2018, nous nous sommes unies avec nos sœurs de Belgique, d'Italie et de Lituanie pour former la Province d'Europe, une nouvelle structure organisationnelle qui nous permet de nous soutenir mutuellement, ce qui est particulièrement important pour les jeunes sœurs.

Il y a actuellement trois novices européennes à Paris – dont Sarah qui a fait partie de la communauté de Twickenham l'année dernière. Nous rendons grâce à Dieu de continuer à appeler les femmes à cette façon de vivre, et bien que nous n'ayons aucune idée de ce que les 175 prochaines années nous réservent, nous savons que ce sera un avenir plein d’espoir !