Après le retrait momentané des Religieuses de l’Assomption en Guinée Conakry, voici le clin d’œil du Seigneur, à travers les vœux perpétuels de la première religieuse de l’Assomption issue de ce pays. Une action de grâce au cœur de l’année Jubilaire de l’Eglise Universelle sous le signe de l’espérance ! Sœur Yvette MONEMOU nous partage son expérience.
« Ma grâce te suffit » (2 Co 12,9).
Cette parole reçue dans la prière a été le fil conducteur de ma messe d’action de grâce célébrée en cette année jubilaire de la vie Consacrée. Une circonstance qui a donné à l’événement la force d’une double action de grâce : celle de ma consécration définitive et celle d’une Église en fête.
Être la première religieuse de mon village et la première Religieuse de l’Assomption issue de la Guinée n’est pas pour moi un titre de gloire, mais une mission : ouvrir un chemin pour que d’autres jeunes filles répondent à l’appel de Dieu. Comme le disait Sainte Marie-Eugénie : « Tout ce qui grandit dans le silence et l’humilité porte en soi la marque de Dieu. »
La célébration a rassemblé une foule exceptionnelle : un bon nombre de Religieuses de l'Assomption venues de toute la Province d’Afrique de l’Ouest, prêtres, laïcs engagés, fidèles du diocèse de N’Zérékoré, et ma grande famille Monèmou.
J’ai été honorée par cette mobilisation ; je me suis sentie portée, émue jusqu’aux larmes. Une seule parole montait en moi : « C’est le Seigneur ! »
A cette occasion, un symbole culturel fort : le cadeau de ma grand-mère :
Pendant le chant d’action de grâce, j’ai reçu un geste qui m’a profondément touchée : une tenue traditionnelle ornée de perles au cou et à la hanche, habit réservé aux nouvelles épouses. Ce pagne symbolise la fécondité, et les perles symbolisent la patience et le pardon empreints d'amour inconditionnel.
Ma grand-mère m’a dit :
« Tu devras pardonner au nombre de ces perles avant de dire que c’est assez. La patience et le pardon te donneront un cœur joyeux. »
Ce jour-là, j’ai compris combien la sagesse de ma culture rejoint l’Évangile : l’amour fidèle, le pardon sans compter, le dégagement joyeux et la persévérance dans la mission.
Un message aux jeunes : la fidélité élève toujours
Au début de mon chemin vocationnel, seuls mon père et ma mère me soutenaient. Après leur décès, ma famille s’est opposée à mon choix, allant jusqu’à me menacer de rupture si j’entrais au couvent.
Ils me voyaient promise à un avenir brillant après mon BAC reçu avec mention et ma bourse d’études, d’autant plus que mon grand frère était déjà prêtre diocésain.
Mais aujourd’hui, en voyant leur joie, leur fierté et leur présence rayonnante, j’ai compris une vérité : la fidélité à Dieu n’humilie jamais, elle élève. Celui qui persévère voit la gloire de Dieu.
C’est le message que je voudrais offrir aux jeunes : ayez confiance, avancez, Dieu fait le reste.
Une célébration lumineuse et habitée par la grâce
Dans cette assemblée immense et priante, ma devise résonnait avec force : « Ma grâce te suffit. »
Une parole qui demeure pour moi un projet de vie, un chemin d’amour, de pardon et de fidélité.
En cette année jubilaire, je demeure pèlerine d’espérance, reconnaissante envers Dieu, mes sœurs, ma famille biologique, tous ceux qui marchent avec moi. Oué soit Jésus-Christ ! A jamais !
Sœur Yvette MONEMOU, R.A Afrique de l’Ouest.