Écrit en japonais et publié dans le journal ASAHI MORNING PAPER du 20 mai 2021 (version de la ville d'Osaka)
Sœur Maria Coralles, une religieuse catholique de 84 ans, qui vit à Nishinari Osaka, s'est engagée à faire la "patrouille de nuit" pendant plus de 30 ans en distribuant des "boulettes de riz" et des couvertures aux sans-abri dans la rue la nuit. En raison de la grave propagation du virus Corona, plusieurs groupes de bénévoles ont suspendu leurs activités. Cependant, Sœur Maria a continué sa "patrouille" du mardi et du jeudi, car, dit-elle, "je veux protéger la vie des autres comme tout le monde sans exception".
A 9 heures du soir du 11 octobre, un break s'arrête près de la maison des Sœurs de l'Assomption à Nishinari où vit la communauté de Sœur Maria.
Le conducteur est M. Morishita (51 ans), directeur d'une société catholique d'aide sociale appelée Gyoukoukai. Ils sont partis ensemble avec Sœur Maria et ses "Onigiri" (boules de riz) faits à la main.
Le premier endroit où ils se sont rendus était une ville électrique à Nihonbashi, au sud de la ville d'Osaka. Sr Maria appelle un homme qui est allongé devant le magasin aux volets baissés, enveloppé dans un sac de couchage jusqu'à la tête, "Vous allez bien ? Vous voulez des Onigiri ?". Sœur Maria pose un onigiri enveloppé sur sa paume doucement tendue. Il répond d'une voix fluette, "Arigatou" (Merci).
Ils ont fait le tour d'autres endroits comme le passage souterrain d'une autoroute et le parc Tenouji. Puis ils sont arrivés au Centre Général Airin (qui est fermé actuellement) à Kamagasaki, Nishinari. Un tas d'ordures surdimensionnées et d'objets inutilisés s'y trouvent et pourtant de nombreux sans-abri y dorment. Sœur Maria s'agenouille à côté de chaque personne et leur dit "Prends un Onigiri". De nombreux visages lui sont familiers, car elle fait cela depuis de nombreuses années. Certaines personnes s'approchent et la saluent comme si elles attendaient sa venue. Cette nuit, Sœur Maria et d'autres membres du personnel ont distribué 69 "onigiri" (boules de riz).
La plupart des sans-abri sont des personnes âgées qui ont perdu leur emploi comme travailleurs journaliers, dans des travaux de génie civil.
Sœur Maria est venue d'Espagne au Japon à l'âge de 22 ans comme missionnaire. Elle s'est installée à Nishinari en 1989. "Il y a beaucoup moins de sans-abri maintenant", dit-elle. Deux vieux hommes sont morts l'un après l'autre dernièrement à Kamagasaki. Sœur Maria s'est tenue à l'endroit où ils se trouvaient et a fait le "signe de croix".
Mina Yoshimura, 20 ans, étudiante à l'université de Kinki, a commencé à rejoindre la "patrouille de nuit" il y a six mois. Elle connaissait par hasard un sans-abri près de chez elle. Un jour, elle a remarqué qu'il avait des problèmes. Le banc public qu'il utilisait comme lit avait été enlevé. Elle n'avait pas de mots pour lui. "Que puis-je faire pour lui ? ......." Voulant faire quelque chose, elle a commencé à faire du bénévolat dans un groupe de soutien pour les personnes démunies ainsi que dans la "patrouille de nuit". "Maintenant, non seulement ceux qui vivent à proximité, mais aussi des endroits éloignés sont devenus plus proches de moi", dit-elle.
Le 25 avril dernier, le troisième "état d'urgence" a été déclaré dans la préfecture d'Osaka. Depuis lors, à Kamagasaki, certains groupes ont arrêté leur "soupe populaire" qui est la bouée de sauvetage pour les sans-abri ici. Pourtant, Sœur Maria continue ce qu'elle fait de tout cœur car elle veut "protéger leurs vies". "Nous ne manquons pas de masques et de couvertures pour les sans-abri", dit-elle.
Sœur Maria veut que le plus grand nombre possible de personnes le sachent : c'est le lieu, l'environnement dans lequel les sans-abri naissent et grandissent, ils ne reçoivent pas assez d'éducation et ne peuvent pas obtenir d'aide sociale..... "Ce n'est pas leur faute s'ils vivent dans la rue. Ils ont des antécédents et des raisons pour cela. Mais on peut toujours remarquer leur présence et reconnaître leur dignité. Ils sont les sans-voix parmi nous."
(Article rédigé par : Rie Kowaka
Traduit par : Sr. Christina Nakayama, RA)