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"Je regarde la terre comme un lieu de gloire pour Dieu"

" eventmercredi 3 juillet 2024

Au moment où, dans son temps, beaucoup de courants prêchaient que la terre est un lieu d’exil, de peine et de tristesse qu’il faut détester et dont il faut se délivrer, sainte Marie Eugénie de Jésus a porté sur cette terre un regard d’espérance en considérant le monde comme lieu de révélation et de gloire de Dieu : « Pour moi, j’ai peine à entendre appeler la terre un lieu d’exil ; je la regarde comme un lieu de gloire pour Dieu.» Cette manière de voir le monde nous porte à une contemplation priante de la terre, un amour pour notre temps et une action pour que la gloire de Dieu soit manifestée et exaltée. Comment la parole de Sainte Marie Eugénie en son temps peut-elle encore nous parler aujourd’hui ?

En lisant les deux premiers chapitres du livre de la Genèse, quelques instants je me suis transportée en ce lieu-dit Jardin d’Eden ; j’ai contemplé l’univers en toute sa splendeur ne voyant en lui que ce qu’il dit de la beauté, la force, la grandeur et enfin la gloire de Celui qui l’a créé. De ce que j’y voyais, la merveille des merveilles était l’homme en harmonie avec le reste de la création, en amitié et en collaboration avec Dieu. En un mot, j’y ai vu une vie bienheureuse de plénitude de joie : la joie de Dieu, de l’homme, et de toute la création. La terre est le lieu où la gloire de Dieu est dite, exprimée, contemplée, car, derrière ce qui se laisse voir, nous voyons Celui qui en est l’Auteur. En même temps la gloire de Dieu n’est pas une beauté physique, une puissance éclatante ni une manifestation extraordinaire, mais c’est la beauté de son Esprit que cela nous dit, la beauté qui émane de Lui-même, de tout ce qu’Il est, de son Être : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire » (Is 6,3).

Les merveilles qui remplissent la terre disent la gloire de Dieu mais aussi ils rendent gloire à Dieu le moment où répondant chacune à sa vocation, à ce pour quoi elle a été faite, ils gardent ainsi l’équilibre premier que Dieu a instauré. Cela pour chaque créature mais surtout pour l’homme, car « chacun de nous a une mission sur cette terre. » Sainte Marie Eugénie en avait la certitude. C’est continuer l’œuvre que Dieu a commencée, sans rien s’approprier mais tout rapporter à Lui. Même devant ce qu’il peut réaliser de grand, l’homme restera toujours humble devant Dieu qui est à l’origine de tout. Pour saint Paul, « Celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ; seul importe Celui qui donne la croissance : Dieu » (1Co 3 :6-7), Lui à qui tout appartient et de qui nous sommes collaborateurs. Toute notre vie peut devenir gloire pour Dieu car glorifier Dieu, c’est aussi manifester sa gloire dans notre vie, y refléter ses propres attributs d’amour, de bonté, de sainteté d’un Dieu libre et aimant... sa propre image qu’il a mise en nous.

La mission de collaboration avec Dieu, l’homme l’a reçue depuis le jour où Dieu lui a donné de soumettre le reste de la création. Après avoir créé, Dieu a donné à l’homme toute liberté dans cette responsabilité. La malice du serpent a conduit l’homme à une recherche d’une gloire qu’il se donnerait lui-même, la désobéissance à Dieu, le péché qui lui a, au contraire, privé de la gloire de Dieu. Autrefois l’homme s’était émerveillé de la venue de Dieu mais maintenant il a honte et se cache. Autrefois à la vue de la femme, l’homme s’était écrié « Voici l’os de mes os, la chair de ma chair », mais maintenant elle devient « cette femme que tu as mise à mes côtés » comme si Dieu avait mal fait en créant la femme, la cause de son malheur. Le serpent et sa descendance deviennent ennemis de l’homme pour l’éternité. C’est ainsi que l’homme ainsi que sa descendance que nous sommes sont sortis de la vision béatifique de Dieu, de la vie bienheureuse avec Lui, « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3, 23). Suite au péché, cette gloire de Dieu, nous la contemplons en partie et nous y goûtons de loin, dans l’espérance d’y faire part un jour quand nous serons avec Dieu.

Malgré le mal qui s’y fait, la souffrance que nous y subissons, les combats pour vaincre le mal, la terre est un lieu pour la gloire de Dieu. La gloire que nous pouvons contempler et pour laquelle et en tout nous pouvons œuvrer. C’est notre soumission à Dieu qui nous donne de participer à sa gloire ; une dépendance qui n’est pas esclavage mais relation de communion, d’amour et d’amitié qui nous donne d’atteindre l’être en vue duquel nous sommes créés, notre accomplissement total, la stature du Christ, dont parle saint Paul : pour dire un jour, comme le Christ : « Père, je t’ai glorifié sur la terre, glorifie-moi auprès de Toi ».

Sœur Marie Rose