Regina Cavalcanti, religiosa de la Asunción.Brasil 3 de septiembre de 2019
La grande forêt amazonienne s’étend sur une vaste zone de l’Amérique du Sud. Elle touche plusieurs pays, localisés au nord et à l’ouest du continent, mais la plus grande partie de son territoire se trouve sur le sol brésilien. L’Amazonie est donc une région qui englobe le nord do Brésil, et des régions de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie, du Venezuela, de la Guyane, de la Guyane Française, du Surinam et de l’Equateur. Tous les ans, pendant la saison sèche, il y a des incendies, mais les organismes qui surveillent la forêt et les organisations des états faisant partie de l’Amazonie parviennent à contrôler et éteindre les feux. Cette année-ci, pourtant, ces foyers ont atteint un nombre et une extension qui les a rendus quasiment incontrôlables. Le nombre de foyers dans la forêt a connue une augmentation d’environ 80% par rapport à 2018. Et la forêt brûle... Pourquoi, peut-on s’interroger, cette énorme différence entre les années précédentes et cette année 2019? Il me semble, malheureusement, que la réponse à cette question se trouve dans la politique irresponsable de notre actuel président. Elu dans un moment de grande émotion nationale, pendant lequel le peuple s’est laissé tromper par une avalanche de “fake news” et par ses promesses de lutter contre la corruption, il a montré son vrai visage lorsqu’il a commencé à employer les mêmes méthodes qu’il condamnait pendant sa campagne électorale. Pour lui, le soin de “notre maison commune”, la préoccupation écologique, n’est pas une priorité. Ce n’est plus une priorité devant ce qui est le véritable objectif de son gouvernement: la croissance économique du pays, coûte que coûte. Pour cela, il a pris beaucoup de mesures qui sont antiécologiques. Parmi elles, on peut citer ➢ Retirer le pays de l’Accord de Paris; ➢ Diminuer de 95% les fonds disponibles pour l’organisme qui surveille la forêt amazonienne; ➢ Favoriser la déforestation pour en faire des pâturages; ➢ Diminuer les amendes à payer comme réparation pour les crimes contre l’environnement, en facilitant ainsi l’action des exploiteurs illégaux de bois; etc. Or, déforestation et incendies criminels vont de pair ... Il est vrai que le document signé par les membres du G7, qui faisait l’offre au Brésil d’une grosse somme d’argent pour aider à contrôler et éteindre le feu qui fait rage sur la forêt amazonienne, a fait réapparaître une théorie dont on parlait il y a déjà des années, mais qui ne semble plus être en discussion: l’enjeu de l’internationalisation de l’Amazonie. Même si le document du G7 dit qu’il ne s’agit pas de cette théorie, on comprend que le président se soit levé en défense de la souveraineté du pays. Mais s’il acceptait une telle offre, il s’agirait alors d’exiger, par un dialogue clair, objectif et véritable, ce que seraient les contreparties des pays qui recevraient cette aide. Cela ne justifie pas une réaction violente et rude d’un rejet radical de l’offre faite, qui se révèle être nécessaire. Il y a, actuellement, une division entre les électeurs du président. Quelques groupes le soutiennent inconditionnellement, mais d’autres comprennent mieux l’enjeu et s’éloignent de lui. Parmi les ministres, il y a aussi des divergences d’opinion. Au cours d’une émission de télévision, la veille de la décision du gouvernement de refuser l’aide financière offerte par les membre du G7, le Ministre des Questions Environnementales a exprimé sa pensée en se disant favorable à l’acceptation de cet aide. Le lendemain, le président a annoncé, d’une façon assez rude, que le pays refuserait l’aide... Il y a un malentendu entre le président de France et celui du Brésil qui a, malheureusement, glissé en l’attaquant sur un niveau personnel, y compris en l’insultant... Pendant ce temps-là, la forêt brûle... Le monde entier passe par une époque où le populisme gagne du terrain. A cause de cela, les actions gouvernementales dans plusieurs pays du monde visent, non pas le bien commun de la société et du pays, mais seulement le bien d’une certaine classe sociale qui les soutient. C’est pourquoi le titre de cet article nous suggère que, lorsqu’on unit une orientation politique qui ne vise pas le bien commun et la force destructive du feu, une grande tragédie se déferle sous nos yeux. Et la forêt continue de brûler... Oui, la destruction d’une grande partie de la forêt amazonienne est une tragédie internationale. En effet, la grande forêt de l’Amazonie, pendant longtemps appelée “le poumon du monde”, apporte des avantages considérables non seulement dans les lieux où elle se trouve, mais aussi à beaucoup d’autres pays et régions à travers le monde : a) Le cycle des eaux : Si la forêt amazonienne n’existait pas, une grande partie de ce qui est aujourd’hui le Brésil serait une zone désertique, comme il y en existe dans des pays de même latitude (cf. le désert d’Atacama, au Chili, et celui de la Namibie). b) Le cycle du charbon: La forêt retient des milliards de tonnes de charbon (monoxyde de charbon et aussi dioxyde de charbon) purifiant ainsi l’atmosphère. c) La régulation climatique : En produisant de l’humidité et de l’oxygène, la forêt contribue à la régulation du climat dans plusieurs régions du monde, particulièrement en Amérique Latine. d) La biodiversité: Le bassin de l’Amazone est la plus grande réserve de biodiversité de la planète. 3 millions d’espèces de plantes et d’animaux y vivent. Certaines d’entre elles demeurent inconnues ou pas encore suffisamment examinées par la science. e) La socio-diversité: Dans la forêt vivent à peu près 1 million de peuples indigènes. Depuis des milliers d’années, les peuples ont vécu de la forêt sans la détruire. Ils ont une sagesse qui serait très utile pour nous - qui nous considérons “civilisés” - pour apprendre de nouvelles façons de vivre sans détruire la nature. Une femme d’origine indigène, Nará Baré, qui est devenue la première femme à diriger la “Coordenação das organizações indígenas da Amazônia brasileira” (Coordination des organisations indigènes de l’Amazonie brésilienne”) écrit: “La Conférence sur le Climat, de l’ONU reconnait notre façon traditionnelle de vivre comme un grand exemple pour freiner les changements climatiques. Malheureusement, avec le discours de notre président favorisant le “garimpo” (minération à ciel ouvert) et la déforestation de l’Amazonie, nous sentons une responsabilité plus grande encore. Pas seulement pour nous, mais pour le monde (...) Maintenant, la déforestation a augmenté et nous voyons que le gouvernement n’a pas comme objectif la préservation de l’Amazonie. Cette augmentation de la déforestation est facilement perceptible. Il ne s’agit pas uniquement de statistique. On la voit ! Et, lorsque le monde entier s’en rend compte, le président du Brésil continue avec un discours vide.” En effet, les décisions politiques du gouvernement ont déclenché un grand nombre de manifestations contraires. Dans plusieurs villes du pays, le peuple, conscient de l’importance de la tragédie qui se passe en Amazonie ces jours-ci, est descendu dans les rues pour faire entendre sa voix, contraire à celle du gouvernement. Les gouverneurs des états de la région qui abritent des parties de la forêt ont eu une réunion avec le président pour lui dire qu’ils sont favorables à ce que le pays reçoive l’aide qui lui a été offerte par les pays plus riches et développés du monde. Il y a quelques jours, on a célébré les vingt ans de la mort de Mgr. Helder Câmara, le saint évêque des pauvres (27/08/1999). Il disait : “Les chrétiens ne sont pas meilleurs que quiconque, mais ils devraient être au moins plus responsables”... Alors que se termine cet article, et que la forêt continue de brûler, les évènements sont encore en train de se dérouler. La crise environnementale et politique n’est pas encore arrivée à son dénouement. Mais espérons que ceux qui doivent la mener, et qui se disent chrétiens, soient conscients de leur responsabilité.