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Mon chemin inattendu comme traductrice internationale

M eventsamedi 25 octobre 2025

Franchement, je ne sais pas très bien par où commencer, car je n’aurais jamais imaginé devenir interprète internationale. Je crois que je dois beaucoup à mes parents : à la maison, nous ne pouvions parler qu’en espagnol entre nous, sauf lorsqu’il y avait des invités qui ne le comprenaient pas. Dans ce cas, nous utilisions l’anglais ou le tagalog, ce dernier surtout avec les employées de maison. C’est ainsi que, dès mon enfance, j’ai appris trois langues, non seulement à la maison mais aussi à l’école — l’Assomption, bien sûr.

Plus tard, pendant le noviciat aux Philippines, j’ai appris le français et le latin, et je me suis même lancée dans le japonais grâce aux sœurs japonaises de notre communauté. Cependant, comme ma proposition de partir en mission au Japon n’a pas été acceptée, cette aventure est restée en suspens.

En 1971, à peine une semaine après mes vœux perpétuels et après avoir participé à la première session des jeunes sœurs à Auteuil, j’ai été envoyée en Afrique de l’Ouest. On m’y a demandé d’enseigner l’espagnol aux élèves de notre collège de Nuatja. Ensuite, j’ai passé une année à Olivos puis j’ai enseigné à Vallecas.

De retour aux Philippines, j’ai passé un an à enseigner l’espagnol et le français, aussi bien aux élèves qu’aux sœurs. Je suis ensuite revenue à Paris, où j’ai assisté Sœur Blandine — que Dieu ait son âme — au secrétariat général. Pendant les trois années que j’ai passées là-bas, j’ai été interprète lors de la première session internationale d’éducation. Durant cette période, les Petites Sœurs de l’Assomption, les Ursulines, les Pères Assomptionnistes et même la Fédération des Évêques d’Asie m’ont sollicitée pour collaborer comme interprète dans leurs rencontres internationales.

En revenant aux Philippines, j’ai commencé à voyager régulièrement à Auteuil comme interprète pour les chapitres généraux et d’autres sessions internationales. Là, j’ai repris l’enseignement de l’espagnol, jusqu’à ce que l’on m’envoie en Thaïlande. Dans ce pays, j’ai passé neuf mois à apprendre la langue et, finalement, je suis restée dix-huit ans, jusqu’à mon retour ici en décembre 2018.

Quel effet tout cela a-t-il eu sur moi ? Comme je le disais au début, je n’avais jamais pensé devenir interprète internationale. Pourtant, cette expérience m’a profondément marquée :

  • La joie d’être au service. Servir la Congrégation, les sœurs et tant de personnes fut une grande grâce. Je me souviens, par exemple, avoir accueilli à l’aéroport une sœur venue d’Afrique de l’Est : sa valise était sortie des douanes complètement abîmée et, ne comprenant rien, elle était très angoissée. Je lui ai assuré que nous ne partirions pas avant qu’on ne lui en donne une nouvelle. Et ainsi fut fait.

  • La satisfaction de faciliter la communication. Pouvoir aider des personnes de différentes nations à se comprendre fut toujours pour moi une source de joie.

  • Un apprentissage personnel. Au-delà de la traduction, j’ai énormément appris des autres : de leur vie, de leur culture, de leur manière de voir le monde. Cela m’a aidée à mieux comprendre leurs réactions et à ne pas juger leurs actions.

Ce don que Dieu m’a accordé élève mon esprit, remplit mon cœur de joie et m’aide à vivre ce qu’Il me demande : être compatissante, attentive aux besoins des autres et toujours ouverte à ce qui est nouveau et différent.

 

Sœur Stella María Sanz Province Asie-Pacifique