Dès le matin, la cour de la communauté connait un ballet de voitures amenant de nombreuses sœurs représentant les communautés de France et même de Belgique.
En effet, la communauté des religieuses de l’Assomption (ex-Augustines), présente au 13 rue Pasteur depuis 200 ans va rejoindre ces prochains jours, un autre quartier d’Arras pour une habitation plus petite, l’ex-maison-mère des Augustines étant devenue beaucoup trop grande. Pour la circonstance, une messe d’action de grâce pour tout ce qui s’y est vécu à travers l’activité des sœurs dans la ville, dans la paroisse et au-delà, est célébrée en l’Eglise Saint Jean Baptiste, témoin des grands moments de la Congrégation.
Comment ne pas faire mémoire, en ce jour, de la longue présence des Augustines sur Arras, elles qui font partie de sa vie depuis si longtemps puisque leur existence dans l’histoire de la ville remonte en l’an 1223 !
Alors oui, laissons monter de nos cœurs une grande action de grâce! Loué sois-tu Seigneur !
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Action de grâces pour les soeurs de l’Assomption-Augustines de ND de Paris. 900 ans de présence rue Pasteur à Arras
Dimanche 14 novembre 2021 / Église St Jean-Baptiste
Homélie du Père Pierre-Marie Leroy
« En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire »
Devant l’évidence de la catastrophe, de la nuit qui tombe, de la mort - et personne ne peut y échapper ni le nier- l’annonce de la venue du Fils de l’homme, Jésus Ressuscité, dans les nuées, de sa gloire est une bonne nouvelle. C’est un coup de tonnerre, un étonnement sans nom. C’est la résurrection !
Cette espérance est annoncée déjà dans le livre de Daniel. Il y aura un temps où « beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront ». Temps qui se réalisera par la mort et la Résurrection du Christ. Dieu intervient pour un changement définitif, pour la gloire de Dieu et le salut du monde, le salut définitif.
Cette vision, cette espérance, cette foi ( et telle est notre foi) est un grand élan de vie. Ça nous porte. Ça nous emporte. Ça nous lève, nous relève, nous réveille. Telle est la force qui jaillit au coeur de nos vies. Le psaume reprend ce cri de joie et de bonheur de celui qui fait confiance à Dieu et dont l’Espérance devient assurance que la mort ne sera pas le dernier mot.
Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !
Ce que vit en ce moment l’Eglise est, me semble-t-il, une même expérience. Assumant sa pauvreté et ses comportements de mort, Elle redit sa foi et son Espérance en faisant des choix nourris de la confiance qu’Elle fait de manière ultime à Jésus-Christ mort et ressuscité. La vie aura le dernier mot même si le ciel s’est fortement assombri et si quelques étoiles d’orgueil, de puissance, de condescendance tombent… « Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme « , comme le dit saint Augustin. Se dégage ainsi progressivement la vision du Fils de l’homme dans sa puissance d’amour et dans sa gloire.
Ce qui est annoncé dans la Parole de Dieu d’aujourd’hui’hui est aussi l’expérience vécue par nos soeurs augustines de Notre Dame de Paris.
La congrégation a traversé des siècles, des conflits, des guerres et leurs morts, avec leurs destructions et leurs reconstructions. « Nos » soeurs ont eu à vivre des déménagements, des adaptations, des rapprochements, des fusions pour vivre, pour servir l’Evangile et témoigner de l’Espérance qui habitait vos soeurs déjà près de Dieu aujourd’hui’ et qui continue de vivre en vous ici présente et dans toute la congrégation. En refaire rapidement l’histoire permet de mesurer l’Espérance qui vous anime.
Nous pourrions remonter au XIIème siècle et en 1810. Je commencerai avec la communauté des soeurs augustines du Précieux-Sang fondée à Arras en 1854 par Mgr Parisis (1795-1866). Elle est issue de l'union de nombreuses petites congrégations diocésaines, comme les Sœurs enseignantes d’Arras, les Sœurs hospitalières de Saint-Jean d’Arras, les Sœurs hospitalières de Saint-Louis de Boulogne, les Sœurs hospitalières de Montreuil, les Sœurs hospitalières de Saint-Jean de Laventie, et enfin les augustines de Coutance pour devenir congrégation de droit pontifical en 1966. En 1977, elles s'agrègent aux Augustines de l’Hôtel-Dieu de Paris pour devenir les Augustines de Notre Dame de Paris. Celles que nous connaissons bien!
Je pense aussi aux fondations à Madagascar avec les premières soeurs qui arrivent en bateau le 11 octobre 1957 et par conséquence des soeurs malgaches qui sont venues chez nous !
Et depuis 2016, la fusion avec les Religieuses de l’Assomption. Occasion pour nous de penser et de prier pour Soeur Danièle qui a travaillé avec son conseil à ce rapprochement et qui avait participé à l’Ecole de l’Evangile du diocèse d’Arras.
Elles ont aussi changé de couleurs, passant de vêtements noir au bleu, au beige pour les missionnaires et désormais à la couleur prune !
Mais elles n’ont jamais changé leur Espérance car c’est Elle qui les guide.
L’Espérance déménage avec les cartons !
Votre présence et votre témoignage (personnel, communautaire et de congrégation) nous disent de tenir bon quoi qu’il arrive, d’aimer en toutes circonstances, de servir là où on est envoyé, de faire confiance à Dieu au coeur de nos vies et au coeur de l’Eglise de Jésus-Christ.
« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas », dit Jésus.
Votre histoire et votre présence aujourd’hui dans cette église nous rappelle la véracité de cette parole de Jésus.
La Parole de Dieu est toujours vivante. Elle continue de nourrir le mouvement de Dieu en nous, le mouvement des déménagements intérieurs pour renouveler notre attachement à l’Evangile et notre attachement à ce qui ne passe pas. Votre vie consacrée est un cadeau pour l’Eglise, une parabole donnée au monde. Combien sont ceux que vous avez rencontrés, écoutés, soignés, enseignés? Combien sont ceux avec qui et pour qui vous avez prié? Combien sont ceux avec qui vous avez marché? Avec qui vous avez partagé la Parole de Dieu? Avec qui vous avez accueilli le témoignage de St Augustin notamment par les Gentianes ou la participation aux différents pèlerinages locaux? A qui vous avez donné des hosties?
D’aucuns pourraient dire que vous êtes un monument historique de la ville d’Arras et du diocèse d’Arras. Ce n’est pas faut. Mais vous êtes plus que ça! Nous ne sommes pas attachés qu’aux murs de la rue pasteur. Je me réjouis très fortement, et notre évêque aussi, que vous déménagiez chez nous, en restant sur Arras. Votre témoignage est toujours reçu comme un don de Dieu. L’Eglise a toujours besoin de vous, de votre amitié évangélique, de votre consécration.
Votre fidélité appelle la nôtre. Votre engagement interpelle les jeunes générations.
Les lectures apocalyptiques de ce 33ème dimanche du temps ordinaire, lectures qui parlent de la fin du monde et de notre avenir promis par Dieu, sont liées à la journée mondiale des pauvres voulue par le Pape François lors de la clôture de l’année de la Miséricorde. François veut ainsi nous rappeler que nous ne pouvons pas penser et croire en vérité à notre avenir de vie en Dieu sans en vivre déjà maintenant, ici, avec nos frères les plus fragiles.
C’est au coeur de votre charisme.
Merci de soutenir le parcours des jeunes et des adultes dans leur vie de foi et leur vie humaine.
Merci de prendre soin des unes et des autres en communauté. Vous nous parlez par votre vie du défit que notre société doit relever.
Pour nous aider à nous tourner vers notre avenir commun et à vivre de cet horizon évangélique, je vous demande d’être ce que sainte Marie-Eugénie (1817-1898), votre fondatrice voulait pour elle: « soyez expansives, aimantes et même joyeuses… » au nom du Christ.
Nous vous connaissons comme cela. Nous vous aimons comme cela.
Nous rendons grâce à Dieu pour vous et pour Dieu par vous.
Amen
Abbé Pierre-Marie Leroy