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Trésors d'Archives n°6 - Nous avons longtemps desire… avoir une maison aux Etats-Unis

T eventmercredi 3 juillet 2024

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« NOUS AVONS LONGTEMPS DESIRE… AVOIR UNE MAISON AUX ETATS-UNIS. » Ste Marie Eugénie

 

Le 12 octobre 1919, les premières sœurs de l’Assomption arrivaient aux Etats-Unis pour fonder la maison de Philadelphie. Les Archives contiennent beaucoup de documents concernant cette fondation. En particulier, ceux qui permettent de raconter la « pré-histoire » de l’Assomption aux Etats-Unis.

« Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel » (Ecclésiaste 3,1) : cette citation du livre de l’Ecclésiaste convient très bien à la fondation des Etats-Unis. En effet, dans le registre des conseils, on peut trouver des propositions de fondation sur cette terre bien avant la fondation en 1919. La première proposition concrète apparaît en novembre 1892. Un ami de l’Assomption a demandé à l’Archevêque de New York d’accueillir les sœurs de l’Assomption mais il n’y a pas de place dans son diocèse. Il fait alors deux suggestions : une fondation soit dans le diocèse de Chicago soit dans le diocèse de Wilmington. A Wilmington, l’évêque serait d’accord pour l’arrivée des sœurs et lors de la réunion de conseil du 14 novembre 1892, le projet de fonder aux U.S.A. est approuvé à l’unanimité.

Marie Eugénie écrit elle-même à l’Archevêque de New York pour le remercier : « Je ne peux pas exprimer combien nous sommes reconnaissantes. C’était l’objet d’un fort désir. » Elle demande à son interlocuteur de l’aider discerner le lieu : « J’ai besoin d’un avis compétent pour décider laquelle des deux propositions nous devons poursuivre… Je vous demande de nous indiquer quelles sont les étapes préliminaires à franchir. »

Deux jours après, le 14 novembre 1892Marie Eugénie écrit à Mère Marie Célestine : « Nous avons été invitées pour deux fondations en Amérique (USA). C’est le pays où il nous serait le plus avantageux de nous installer (…) », ceci en raison des désordres grandissants en Europe. Elle écrit de même à Sœur Marie-Cécile : « Nous avons été invitées en Amérique. Priez Dieu de nous montrer sa volonté. »

Le 30 novembre, l’Archevêque de New York répond qu’il vaut mieux aller à Wilmington. Marie Eugénie n’hésite donc pas à écrire à l’évêque de ce Diocèse : « Une lettre reçue de l’Archevêque de New York m’encourage à demander à Votre Grandeur de choisir notre Congrégation pour l’école au service de l’éducation des jeunes filles que Votre Grandeur veut fonder à Wilmington. Nous avons longtemps désiré avoir une maison aux Etats-Unis ; nous serions très heureuses de nous confier à votre accompagnement. »

Désillusion… L’Evêque répond le 3 janvier 1893 : « Le temps n’est pas encore venu en raison de la situation entre catholiques et protestants. »

Ce n’est que partie remise ! En 1894, les Pères de la Miséricorde ont fondé une école dans le diocèse de Trenton, dans le New Jersey. Ils doivent la quitter car ils n’ont pas assez de vocations. Le 23 juin, la proposition est discutée par le Conseil Général. Depuis la 1ère opportunité, l’Assomption a fondé au Nicaragua et il semble difficile désormais de fonder tout de suite aux Etats-Unis. De plus, il faudrait obtenir l’autorisation de l’évêque du lieu. Cependant, en raison de la situation difficile au Nicaragua (cf. Trésors d’Archives n°4), la demande est mise en attente car les Etats-Unis pourraient être un lieu de repli.

A la même époque, en septembre 1894, Mère Agnès Eugénie passe par l’Amérique sur sa route vers le Nicaragua. Recommandée par une amie anglaise qui s’est engagée à louer une maison pour les sœurs à Newport pendant deux ans, elle est reçue par l’évêque de Newport. L’évêque trouve qu’il y a déjà assez de pensionnats et qu’il n’y a pas de place pour un autre. Il autoriserait l’ouverture d’une maison d’adoration, avec des retraites pour femmes, mais une autre Congrégation en ouvre déjà une. L’évêque ne peut s’engager que pour deux ans. En fait, cette proposition n’est pas discutée en conseil, car trop incertaine.

En ce qui concerne le projet de Trenton le Conseil décidera le 11 décembre 1894 qu’il ne peut être poursuivi car les sœurs ne semblant pas être en danger au Nicaragua (grâce à la protection de leurs amis) et que le nombre de sœurs disponibles n’est pas assez suffisant pour une autre fondation.

Nouvelles occasions manquées ! Mais Dieu préparait son plan ! Il fallut attendre 25 ans pour qu’il devienne réalité. En janvier 1919, Mère Hélène Marguerite, qui était alors Supérieure de Manille, traversa les océans et passa par les Etats Unis pour aller en Europe. Monseigneur Dougherty, Archevêque de Philadelphie, ancien évêque de Jaro aux Philippines, l’aida à trouver l’hospitalité dans sa ville, chez les Sœurs de la Miséricorde. Pendant son séjour, elle visita une propriété offerte par Mme Penfield, que Monseigneur Dougherty voulait bien céder aux Sœur de l’Assomption.

Le même mois, il écrit à Mère Marie Célestine : « une dame très distinguée de Philadelphie (…) vient de donner au Diocèse une magnifique maison en pierres, construite sur une terre de plusieurs acres, où sont plantés de très beaux arbres, avec des granges, des écuries et des serres… »

Il fallut trois mois pour que le Conseil en parle car Mère Hélène Marguerite arriva assez tard en Europe. Le 22 avril 1919, l’affaire est conclue : le Conseil « n’hésite pas à déclarer que cette opportunité unique et vraiment providentielle ne peut être négligée ». En mai, l’Archevêque écrit à Mère Marie Célestine pour dire qu’il ne faut pas tarder à confirmer la venue des sœurs car c’est l’époque où les parents choisissent l’école de leurs enfants. On signe les documents de donation ; la première communauté est nommée. Les premières sœurs embarqueront début octobre sur le bateau « La Savoie ».

En voyage, elles écrivent aux Mères du Val pour rendre compte de leur vaillance et de leur capacité (ou non) à suivre les exercices religieux.

« 11 octobre 1919 -  Ma très chère Mère,  Nous voici Presque aux portes de New York puisqu’on nous dit que nous arrivons demain dimanche vers 1 ou 2 heures de l’après-midi et si c’est ainsi Mgr Nutter nous a dit que nous pourrions même coucher cette nuit-là à Philadelphie. Quelle joie d’arriver at home après ces huit jours de vivre dans le monde. Notre Seigneur a été bien bon avec nous en nous permettant d’avoir 2 messes tous les jours. Je n’ai manqué qu’un jour ma communion et la messe à cause du mal de mer, les autres jours de forts malaises, j’ai pu arriver à communier et à assister aux messes. Monseigneur n’a pas pu être plus paternel qu’il n’a été pour nous (…) Aujourd’hui nous nous sommes confessées à lui car pour ma part j’avais déjà 15 jours que je ne m’étais pas confessée, et les autres je suppose pareillement. Nous voici bien bien loin de vous mais de cœur car il est resté au Val tout près de vous dans votre cabinet où je vous contemple et vous entoure avec ma filiale affection de toujours (…) Sr Rosario M. »

Avis aux amateurs qui veulent venir aux Archives pour décrypter les lettres d’origine ! Du Havre vers New York en bateau. Arrivée le « jour de Christophe Colomb »[1], qui augure de belles découvertes. Puis de New York à Philadelphie en train.

A leur arrivée, les sœurs se rendent d’abord à la cathédrale et, après une réception chez l’Archevêque, elles vont la propriété de Ravenhill à travers Fairmount Park. Elles y découvrent une magnifique propriété : la demeure où manque, selon l’expression des sœurs elles-mêmes un sceau de pauvreté, un parc avec des arbres magnifiques et des serres…

Lorsque les sœurs vont s’installer dans la maison, leur préoccupation sera de retrouver les habitudes d’Auteuil, tant dans le matériel que dans les coutumes et très vite, en novembre, le pensionnat est ouvert ! Les nièces de l’Archevêque et quelques amies sont les premières élèves. Petit groupe qui mettra un peu de temps à s’élargir mais promesse d’un beau futur pour l’Assumption Academy in Ravenhill !

 

Soeur Véronique Thiébaut,

Archiviste de la Congrégation

TRESORS d’ARCHIVES n°6 – Septembre 2019

 

[1] Le 2ème lundi du mois d’octobre est férié aux Etats-Unis. On y fait mémoire de l’arrivée de Christophe Colomb dans le « nouveau monde ».