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Province Équateur - Mexique : RA Artisanes du soin

P eventmercredi 3 juillet 2024

Chères sœurs :

Le week-end dernier, les 4 et 5 mai, nous avons eu une deuxième Rencontre Continentale via Zoom avec des sœurs âgées de 40 à 60 ans avec le thème : « La vie religieuse, artisane du soin », encouragée par nos provinciales et organisée par un groupe international de sœurs Ethel (ACC) Coordinatrice, Gertrude (USA), Laura (Ecu-Méx) secrétaire et responsable des questions techniques, Mechita (AS) et Mary Anne (USA) qui nous ont aidées pour la traduction.

Les objectifs ont été atteints puisque nous continuons à construire des liens et des réseaux avec les sœurs du continent, c'est une joie de se voir et de partager dans un esprit d'ouverture, de vérité et de discernement les mouvements de l'Esprit dans un climat très sororal. Le deuxième objectif : « Approfondir l'appel de la CLAR à être des « artisanes du soin en tant que vie consacrée ».

Nous avons commencé par une très belle prière et la Parole de Dieu, sur le passage du Bon Samaritain, (Lc 10, 24-37) nous a fait vivre notre Rencontre en profondeur.

Avant de commencer, nous avons été sensibilisées à vivre la Méthodologie synodale : Conversation spirituelle qui nous invite à parler avec le cœur, à écouter attentivement les appels de l'Esprit à travers le partage des autres, à faire des silences, à prier et à mieux découvrir les fruits de la conversation. Cette méthode a été utilisée dans les différents partages en petits groupes.

Ça a été aussi un espace de formation, nous avons visionné la vidéo d'une magnifique conférence de Sœur Teresa Amaya CCVI « Prendre soin de la dimension relationnelle : l'art d'être sœurs et frères » qui décrivait très bien la réalité de nos Congrégations, de nos communautés au niveau local, c'était un peu voir un « portrait de famille » car nous nous sentions très interpellées et mises au défi d'oser aller « au-delà de nos peurs ». La sœur nous a invitées dans la vie consacrée en général, à affronter la peur d'être d’authentiques artisanes du soin, cela ne peut se faire qu'en « sortant et en écoutant » pour s'émouvoir de la douleur des autres. Cela ne se fait qu'en « nous aérant » nous-mêmes, la VC a besoin de « s'oxygéner » car nous courons le risque de nous étouffer, immergées dans nos individualismes, nos systèmes fermés, notre narcissisme, notre auto référence, la perte de mémoire, c'est-à-dire la peur de l'autocritique, de revoir et reconnaître nos erreurs, de ne pas dire la vérité, cela bloque, paralyse, enlève de la force à la vie et à notre Vie Consacrée. Quelques mots clés pour pouvoir vivre cela : communauté, confiance, synodalité, itinérance, dépassement des traumatismes générationnels, besoin de « bouger », écouter attentivement dans un sens missionnaire.

Ensuite, nous avons eu une conférence préparée par notre sœur Ana Senties sur « Marie Eugénie et le soin communautaire » qui nous a également beaucoup éclairées, car depuis le début de la Fondation, Marie Eugénie nous invite à vivre des relations communautaires évangéliques dans une attitudes d'humilité, de simplicité et de bienveillance. Vivre le soin de soi-même de façon intelligente, être en bonne santé pour le Royaume et pour les autres. La vie fraternelle nous permet la santé mentale, la santé globale, il faut savoir gérer les émotions. Nous remercions Dieu d'avoir une Spiritualité qui nous lance et nous interpelle. La culture du soin nous lance à « tisser plus délicatement » à partir d'une véritable conversion personnelle à la manière de Jésus, demandons cette grâce pour pouvoir nous aimer, prendre soin de nous-mêmes, nous aider à mieux comprendre nos sœurs et les autres dans la mission. L'Esprit nous appelle aujourd'hui à nous ouvrir à une conversion, à une « métanoïa » personnelle et pastorale.

Notre premier moment de la deuxième journée a été de partager en groupes les situations qui nous touchent et nous blessent dans notre monde et nos pays. Il y avait plusieurs constantes, entre autres les suivantes :

1) Des guerres qui s'éternisent, qu’il n'y a pas moyen d’arrêter ni de faire des négociations pacifiques, avec toutes les terribles conséquences qu'elles entraînent : destruction, violence, migration, pauvreté, mort, « tout le monde est perdant » comme dit le Pape François.

2) Les jeunes, qui sont le présent et l'avenir de notre peuple, dans la plupart de nos pays, sont immergés et perdus dans le monde de la drogue parce qu'ils la consomment, la vendent, s'exposent, extorquent, tuent ou sont assassinés.

3) La crise économique croissante qui affecte des millions de familles, provoque une angoisse pour la survie « au quotidien », divise les familles en raison de la décision de migrer, les gens sont exposés au danger et à la persécution et restent dans la pauvreté. De nombreuses petites villes de nos pays sont « vides » de jeunes en raison de l’immigration massive.

4) L'indifférence des gouvernements qui ne font rien pour créer ou mettre en œuvre des politiques publiques de prévention des addictions ; l'éducation se réduit à l'instruction et non à la formation intégrale des personnes pour qu'elles puissent affronter l'avenir avec des valeurs claires et fermes en faveur de la vie, du développement et de la recherche du bien commun.

Cette prise de conscience de notre réalité sociale qui souffre, qui crie, a été très intéressante et profonde ! À un autre moment, nous sommes revenues aux situations porteuses de « Bonne Nouvelle » et d'espérance, comme, par exemple, celles de voir comment la société civile, les Conférences épiscopales, la Conférence des religieuses du continent s'expriment, s'organisent et luttent pour reconstruire le tissu social, la paix et la justice dans nos villes.

Il y aurait encore beaucoup plus à partager parce que nous avons reçu beaucoup de lumières de l'Esprit pour continuer à chercher comment, en tant que vie consacrée sur le continent, nous voulons continuer à « marcher ensemble » comme Assomption et à  nous ouvrir aux autres. Demandons qu'en ce temps de grâce vers le Chapitre Général, l'Esprit continue à nous guider avec sagesse, audace et que cette « oxygénation » de la Congrégation nous aide à avancer davantage et à revitaliser la vie consacrée dans son ensemble dans cette préparation au Jubilé de l'an prochain.

Nous apprécions profondément la bonne préparation de cette Rencontre qui nous a « secouées », la joie de nous revoir et de nous savoir accompagnées sur ce chemin pascal.

Nous constatons que ce type de rencontre « nous donne de l'oxygène, nous remplit de joie et nous motive », c'est pourquoi nous souhaitons continuer de nous réunir au moins une ou deux fois par an avec le plus grand nombre possible de sœurs.

Josefina Flores